Business Schools : passeports pour la mondialisation
Ouverture sur le monde, liens avec les entreprises, obtention de labels de qualité, perspectives de carrière… Retrouvez le palmarès J.A. des meilleures écoles de commerce africaines.
« Passe ton bac d’abord » ? Voilà qui ne suffit plus aujourd’hui. Pour être sûr de faire une belle carrière, mieux vaut avoir un master en poche – mais pas n’importe lequel. Si l’offre est foisonnante, la qualité des formations est inégale. Or le choix des études supérieures est crucial puisqu’il conditionne l’évolution future des étudiants. Pour la cinquième année, Jeune Afrique a mené son enquête et recensé les meilleures formations en business du continent – ce qui inclut des cursus très divers, depuis le master expertise et conseil fiscal de l’Institut supérieur de management (ISM), à Dakar, jusqu’au master marketing et commerce du Management Development International Institute (MDI) d’Alger, en passant par le master spécialisé en gestion des ressources humaines de l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (Iscae) de Casablanca. Pour réaliser ce palmarès, J.A. a contacté quarante institutions du Maghreb et d’Afrique subsaharienne. Quelle que soit leur position dans notre classement, les douze écoles présentées ici constituent toutes des références nationales et régionales.
Parmi les gagnantes : quatre sénégalaises et trois marocaines.
En route vers l’accréditation
En termes de reconnaissance internationale, les écoles africaines sont en pleine évolution. Principal critère dans ce domaine : les accréditations – reconnaissant la qualité des programmes ou des établissements – délivrées par des organismes indépendants, dont les trois plus importants sont l’European Foundation for Management Development (EFMD) – avec ses labels Equis (pour un établissement) et Epas (pour un programme) – ; l’Association to Advance Collegiate Schools of Business (AACSB) ; et l’Association of Masters in Business Administration (AMBA).
Se faire accréditer est un processus long et coûteux. Pas étonnant, donc, que quasiment aucune école africaine ne puisse s’en prévaloir pour le moment. La performance de la Mediterranean School of Business (MSB) tunisienne est d’autant plus remarquable : son Executive MBA est accrédité AMBA depuis 2010 et son master en business management depuis l’an dernier. À sa suite, de nombreuses écoles se sont engagées dans ce processus. Un pas important : être autorisé à poser sa candidature suppose la constitution d’un dossier crédible, et la validation des étapes menant au sésame demande un gros travail de mise en conformité des enseignements avec les meilleures normes internationales.
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Parce que leur nom fait écho à des écoles françaises, Dauphine Tunis et BEM Dakar (partenaire de Bordeaux École de Management) constituent dans notre classement des cas particuliers. Certes, leur accorder le crédit qu’a su gagner leur maison mère en Europe serait abusif. Mais il est indéniable que le prestige de ces « marques » rejaillit sur les filiales africaines et que les très nombreux professeurs qui y enseignent, comme les possibilités d’échanges et de double diplôme pour les étudiants africains, ne sont pas à négliger.L’École supérieure du commerce et des affaires (Esca) de Casablanca, première de notre classement, est ainsi en cours de labellisation Epas et AACSB. De même, l’Institut africain de management (IAM), à Dakar, travaille à l’obtention des labels Epas et Equis. Tout comme l’Iscae, dont l’Executive MBA finit sa phase d’évaluation pour obtenir la certification AMBA. La course aux labels est donc lancée, et il est vraisemblable que les écoles africaines engagées depuis plusieurs années dans l’amélioration de leur offre pédagogique verront prochainement leurs efforts récompensés.
Des écoles européennes en Afrique
L’an dernier, 21 étudiants sont repartis avec un double diplôme de Dauphine Tunis et Paris, et 40 avec un double diplôme BEM Bordeaux et Dakar. Concurrence déloyale ? Il s’agit plutôt d’une forme de reconnaissance de l’attrait de l’Afrique, et parfois d’un encouragement à s’aligner sur les normes étrangères, tel le taux d’encadrement – 1 professeur pour 6 élèves à BEM Dakar, 1 pour 10 à la Mediterranean School of Business (MSB) de Tunis, au MDI ou à l’Institut supérieur de la communication, des affaires et du management (Iscam) de Madagascar, contre 1 pour 20 en moyenne. Mais moins de 1 pour 50 à l’Institut international de management (Insim) ou Sup de Co Dakar.
« Do you speak business ? »
Pour donner une couleur internationale à un diplôme – un vrai plus sur un CV -, deux démarches s’imposent. D’une part, miser sur les écoles où une partie du cursus se déroule en anglais, la langue des affaires – à la MSB par exemple, 100 % des cours sont donnés dans la langue de Shakespeare, comme à Sup de Co Dakar pour un tiers des étudiants, qui doivent obtenir un score minimum de 85 à l’examen d’anglais international Toefl (Test of English as a Foreign Language). D’autre part, choisir celles qui ont réussi à nouer des partenariats avec des institutions prestigieuses à l’international. Attention toutefois, seule une poignée de ces partenariats permet d’effectuer un semestre d’études
sur le campus d’une autre institution ou de décrocher un double diplôme. À l’Iscae, 104 étudiants – sur 1 037 – sont partis l’an dernier, sans frais supplémentaires, suivre en
left" />France les cours de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec, 23 étudiants), d’Audencia Nantes (11 étudiants) ou de la Neoma Business School (fusion de Rouen Business School et de Reims Management School, 49 étudiants). Les étudiants du master management des achats du MDI d’Alger, au nombre de 10 l’an dernier, décrochent un diplôme cosigné avec Grenoble École de management, dont les formations figurent régulièrement dans les classements mondiaux du Financial Times.
Seul bémol, le coût, la formation étant facturée 78 000 euros dans ce cas.
Au coeur du monde de l’entreprise
Si l’ensemble des écoles sélectionnées affichent des résultats impressionnants en termes d’embauches – 65 % des diplômés de l’IAM et jusqu’à 95 % de ceux de l’ISM ont décroché un emploi moins de six mois après leur sortie de l’école -, c’est avant tout parce que les meilleurs établissements ont su impliquer les entreprises dans leurs activités et nouer avec elles des liens forts dont profitent les diplômés.
Outre l’organisation de conférences, des initiatives originales sont à signaler. À l’Iscam, les étudiants font des voyages d’études : ils visitent une entreprise et décryptent son modèle économique. Chez MDI, à Alger, le groupe Sovac finance la réalisation de la Business Management Review. Enfin, Sup de Co Dakar propose à ses étudiants de rencontrer les directeurs des ressources humaines des grandes entreprises sénégalaises autour d’un cocktail et organise un tournoi sportif mêlant élèves et cadres.
Autre tendance remarquable, l’implication croissante des écoles africaines dans la promotion de l’entrepreneuriat. Monter une entreprise s’apprend, aussi de plus en plus de business schools du continent donnent-elles à leurs élèves les clés pour se lancer avec confiance et devenir, demain peut-être, les Bill Gates africains. À l’ISM par exemple, tous les étudiants doivent créer une mini-entreprise durant leur cursus. Un programme interne récompense les meilleurs business plans. Les étudiants participent aussi à une compétition nationale organisée par l’ambassade de Grande-Bretagne et l’entreprise Sonatel. Deux projets de l’ISM sont allés jusqu’en finale l’an dernier et ont reçu des financements de 2 millions de F CFA (environ 3 000 euros). L’école a par ailleurs lancé cette année son « incubateur de jeunes pousses » [start-up], rejoignant l’IAM, l’Insim, l’Iscam et Sup de Co Dakar.
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