À Gaza, la trêve, au 49e jour de la guerre Israël-Hamas

En vigueur depuis ce 24 novembre au matin, cette première pause humanitaire doit être suivi dans l’après-midi de la libération de treize otages israéliens.

Des Palestiniens qui s’étaient réfugiés dans des abris le sud de la bande de Gaza retournent chez eux, à Khan Younis © MAHMUD HAMS / AFP.

Des Palestiniens qui s’étaient réfugiés dans des abris le sud de la bande de Gaza retournent chez eux, à Khan Younis © MAHMUD HAMS / AFP.

Publié le 24 novembre 2023 Lecture : 4 minutes.

Après avoir été repoussée une première fois, la trêve est finalement entrée en vigueur. À 7 h locales (5 h GMT), ce 24 novembre, après 48 jours de guerre entre Israël et le Hamas, les frappes aériennes incessantes se sont tues. Les premières libérations d’otages (treize femmes et enfants) sont attendues aux alentours de 16 h (14 h GMT).

« La guerre n’est pas encore finie »

Le Qatar, médiateur clé avec l’Égypte et les États-Unis, a obtenu deux jours plus tôt un accord portant sur une trêve de quatre jours renouvelable, doublée d’un échange de 50 otages retenus à Gaza contre 150 détenus palestiniens, et qui devait débuter initialement le 23 novembre. Le gouvernement israélien avait approuvé l’accord de trêve malgré des dissensions internes.

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Dans la bande de Gaza, ils étaient des dizaines de milliers à avoir fait leur baluchon : ici des cartons, là, des sacs plastique remplis d’effets personnels, pour repartir en famille vers leurs villages. Omar Jibrine, 16 ans, avait trouvé refuge avec huit autres membres de sa famille à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. Un quart d’heure déjà avant l’entrée en vigueur de la trêve, il est sorti de l’établissement pour prendre la route de l’est, vers son village, à quelques kilomètres de Khan Younès : « Je rentre à la maison », dit-il.

Mais alors que voitures, carrioles tirées par des ânes et tuk-tuk se mettent en branle, des tracts en arabe lancés depuis les airs par l’armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza préviennent que « la guerre n’est pas encore finie » et soulignant que « revenir dans le Nord est interdit et très dangereux !!! ». L’armée israélienne considère le tiers nord de la bande de Gaza comme une zone de combat et a ordonné à tous les civils d’en sortir. Une quinzaine de minutes après l’entrée en vigueur de la trêve, les sirènes d’alarmes anti-roquettes ont retenti dans plusieurs villages à la bordure de la bande de Gaza, a indiqué Tsahal sans plus de détails.

Un otage israélien contre trois prisonniers palestiniens

Le Hamas a confirmé « un arrêt complet des activités militaires » pendant quatre jours, période pendant laquelle cinquante otages seront libérés, en contrepartie pour chacun de la libération de « trois prisonniers palestiniens ». Une source au sein de l’organisation en charge de la bande de Gaza a indiqué que la libération des otages à Rafah se fera « en secret, loin de la presse ».

Une source sécuritaire égyptienne a indiqué qu’une délégation sécuritaire égyptienne sera présente à Jérusalem et Ramallah pour s’assurer du « respect de la liste » des prisonniers palestiniens libérés. Les autorités israéliennes doivent, elles, recevoir la veille au soir de chaque libération la liste des otages devant être relâchés le lendemain.

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Israël a diffusé une liste de 300 Palestiniens susceptibles d’être libérés au total, comptant 33 femmes et 267 jeunes de moins de 19 ans. Parmi ces détenus, 49 sont membres du Hamas. « Nous avons posé comme condition que […] les prisonniers femmes et enfants palestiniens » soient libérés « par ordre d’ancienneté » en détention, a déclaré Bassem Naïm, haut cadre du Hamas.

Des responsables sécuritaires israéliens, accompagnés du personnel de la Croix-Rouge et d’agents égyptiens, seront déployés de leur côté au « hall égyptien » du poste-frontière de Rafah afin de recevoir les otages libérés de Gaza qui s’envoleront ensuite de l’aéroport al-Arish vers Israël, selon cette source.

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Un accord salué à l’international mais jugé insuffisant

La communauté internationale a salué l’accord de trêve, y voyant un premier pas vers un éventuel cessez-le-feu durable. Disant « travailler à une solution politique à long terme à cette crise », le chef de la diplomatie britannique David Cameron a rencontré hier Benyamin Netanyahou, et doit s’entretenir aujourd’hui avec des responsables palestiniens.

En Israël, le gouvernement et l’armée se sont engagés à « poursuivre » les combats afin « d’éliminer » le Hamas au terme de cette trêve renouvelable. « Prendre le contrôle du nord de la bande de Gaza est la première étape d’une longue guerre et nous nous préparons pour les prochaines phases », a précisé le porte-parole de l’armée Daniel Hagari.

La trêve permettra l’entrée d’un « plus grand nombre de convois humanitaires et d’aide, y compris du carburant » qu’actuellement, selon le Qatar.  Mais elle « ne peut pas seulement être une pause », a néanmoins déclaré l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riyad Mansour, appelant à l’utiliser pour empêcher la reprise des combats dans la bande de Gaza. Nombre d’ONG internationales souligne son caractère « insuffisant » pour faire entrer l’aide nécessaire à Gaza, réclamant un véritable cessez-le-feu.

La guerre a été déclenchée par l’attaque d’une ampleur et d’une violence inédites dans l’histoire d’Israël menée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien. Selon les autorités, 1 200 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées et environ 240 personnes enlevées le jour de l’attaque. En représailles, Israël, qui a promis « d’anéantir » le Hamas, bombarde sans relâche la bande de Gaza, où 14 854 personnes ont été tuées, dont 6 150 enfants, selon le gouvernement du Hamas. Parmi les 2,4 millions d’habitants de Gaza, environ 1,7 million ont été déplacés.

(avec AFP)

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