Centrafrique : certains rebelles réticents aux négociations de Libreville

La crise en Centrafrique devrait être au coeur de pourparlers dans les prochains jours à Libreville sous l’égide de la Communauté des États de l’Afrique centrale (CEEAC), qui a annoncé l’arrivée dimanche au Gabon d’une délégation de la rébellion, malgré les réticences de certains rebelles.

Guy-Pierre Garcia, secrétaire général adjoint de la CEEAC le 28 décembre à Bangui. © AFP

Guy-Pierre Garcia, secrétaire général adjoint de la CEEAC le 28 décembre à Bangui. © AFP

Publié le 5 janvier 2013 Lecture : 3 minutes.

Ces discussions avaient été proposées la semaine dernière par le président centrafricain François Bozizé, alors que les rebelles du Séléka se trouvaient, après une offensive éclair, à seulement 160 kilomètres de la capitale, Bangui, protégée par un verrou de la Force multinationale d’Afrique Centrale, composée en grande partie d’unités tchadiennes rompues au combat.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a demandé vendredi aux deux parties de négocier "de bonne foi" et sans conditions préalables et a réitéré sa demande aux rebelles de "cesser les hostilités, de se retirer des villes prises et de cesser leur progression" vers Bangui.

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Les rencontres pourraient se tenir mardi dans la capitale gabonaise. Pour le moment, cette date est "une référence de travail" et reste "indicative", ont précisé des sources concordantes au sein de la CEEAC comme de la présidence centrafricaine.

"Le secrétaire adjoint de la CEEAC (le général Guy-Pierre Garcia) a un contact ferme avec les rebelles. Leur chef Michel Djotodia a pris la décision. Ils partiront le 6 pour Libreville. Ils sont au nombre de dix", a indiqué à l’AFP une source à la CEEAC.

Cette même source a assuré que le président de l’alliance Séléka, Michel Djotodia, son porte-parole, Eric Massi, ainsi que le colonel Djouma Narkoyo et sept autres personnes étaient attendus à Libreville.

Le départ de Bozizé réclamé

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Mais le porte-parole de la rébellion, Eric Massi, basé à Paris, s’est étonné de ces informations, assurant ne pas avoir été contacté. "Je ne suis pas au courant. Je l’apprends par l’AFP, c’est incroyable", a-t-il dit. M. Massi a par ailleurs réaffirmé que la coalition du Séléka, qui réunit différentes ex-rébellions centrafricaine, excluait "toute négociation avec Bozizé".

"Le seul point qui serait à négocier à Libreville porte sur les conditions du départ de Bozizé", a-t-il dit, rejoint sur ce point par des opposants rassemblés dans un Front commun pour l’alternance et la Paix (FRAP), créé fin décembre à Paris.

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"La démission du président Bozizé est un préalable à tout pourparler", a affirmé dans une déclaration, transmise à l’AFP, le président du FRAP Manoël Mageot. "Nous sommes tous unanimes pour que Bozizé démissionne. Ensuite, nous nous réunirons entre Centrafricains. C’est l’ultime occasion pour le peuple centrafricain de trouver une solution à cette crise", a assuré le porte-parole du FRAP, Guy Simplice Kodégué.

Rassemblement hétéroclite de différentes factions rebelles, la Séléka affirme avoir repris les armes le 10 décembre pour réclamer "le respect" d’accords de paix conclus entre 2007 et 2011, qui prévoyaient notamment un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion et sont restés lettre morte depuis.

De son côté, la présidence centrafricaine a réitéré sa volonté d’aller à la table de négociations "sans condition".

Toutefois, "il est hors de question de négocier le départ du président", a souligné le secrétaire général de la présidence, Stanislas Mbamgot. "Les accords de N’Djamena du 21 décembre ont fixé le cadre des négociations. Il s’agit de discuter d’autres sujets. Le président a un mandat qui court jusqu’en 2016 et il a précisé aux diplomates que ce qu’il le préoccupait, c’est de mener le reste de son mandat à son terme", a-t-il dit à l’AFP.

"En short"

M. Bozizé, au pouvoir depuis un coup d’État en 2003, avait fait des concessions la semaine dernière, proposant notamment un gouvernement d’union nationale.

Vendredi, le gouvernement centrafricain s’est penché sur la liste des personnes qui iraient à Libreville, notamment des membres de l’opposition politique, des rebelles ayant signé les accords de paix et des représentants de la société civile, selon une source au ministère de l’Administration territoriale.

Le principal opposant, Martin Ziguélé, a confirmé: "Nous irons aux négociations. Sur le principe, je suis d’accord mais je n’ai encore reçu aucune information sur la date de celles-ci".

"Si nous acceptons d’aller négocier à Libreville alors que Bozizé est toujours au pouvoir, nous allons nous retrouver ‘en short’. On va se faire manipuler et on aura combattu pour rien", déclarait pour sa part vendredi soir une source de la rébellion à l’AFP.

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