Lagos Business School : « The best of Nigeria »
La Lagos Business School est l’école de commerce la plus en vue du Nigeria. Son secret ? Des cursus prisés par les cadres souhaitant accélérer leur carrière.
La position de la Lagos Business School (LBS), à Ajah, sur la presqu’île de Lekki, a été choisie avec soin. « Nous sommes proches de Victoria Island, où sont situés les principaux sièges d’entreprises. C’est un endroit stratégique. Nos étudiants et professeurs qui travaillent dans les grands groupes évitent ainsi les bouchons interminables du centre et du nord de la ville », explique Nnei Opia, responsable des relations extérieures. L’accès à l’école s’est même amélioré grâce à la nouvelle autoroute vers l’est, ouverte fin 2012, qui permet de faire le trajet en une demi-heure depuis les quartiers d’affaires.
D’abord simple centre de formation en management créé en 1991 dans le centre-ville, la LBS est devenue une école à part entière en 1993, avant de s’installer sur la presqu’île en 2003. À proximité du campus, les nouvelles constructions sont légion. Les promoteurs parient sur le développement de cette zone prisée par les classes moyennes et aisées. La mégapole de 18 millions d’habitants ne cesse de s’étendre. À ce rythme, la LBS – et son parc ombragé de palmiers – sera en pleine ville dans quelques années.
LBS figure au 55e rang du palmarès 2013 « Executive Education » du Financial Times.
À peine passé le portail – et les deux contrôles de sécurité -, l’ambiance change. On entre dans un univers policé. Ici, les étudiants sont tenus de respecter un code vestimentaire strict : costume sombre pour les hommes, tailleur jupe pour les femmes.
Opus Dei
Créé par l’Opus Dei, institution catholique élitiste et conservatrice, l’établissement est associé à la prestigieuse école de commerce espagnole IESE qu’elle a fondée à Barcelone (ses MBA, ou maîtrises en administration des affaires, sont parmi les meilleurs d’Europe).
L’école n’a rien à envier aux campus anglo-saxons : bâtiments fonctionnels et spacieux, grande bibliothèque remplie d’ouvrages économiques, centre informatique dernier cri, amphithéâtres, restaurant, cafétéria… Plusieurs salles ont été financées par de grandes entreprises, parmi lesquelles l’opérateur télécom Zain, le conglomérat Honeywell ou GT Bank, dont les logos sont visibles à l’entrée. « Nous entretenons d’étroites relations avec les principaux groupes les plus importants du pays », indique le docteur Enase Okonedo, la directrice de l’école.
« La vraie Vie »
Depuis les couloirs, on aperçoit plusieurs groupes de cinq à sept étudiants au travail. Ils préparent la résolution de cas pratiques – relevant de problématiques managériale, comptable ou commerciale. Selon les élèves et la direction, ces cases studies [études de cas] font la force de l’établissement. « Ils sont élaborés par l’école, à partir de sujets collectés lors des nombreux entretiens que nous organisons avec des chefs d’entreprise », indique Enase Okonedo. « Ici, il ne faut pas s’attendre à des cours magistraux.
Ils ont choisi l’Executive MBA de la LBS
Chidinma Iwe : « Une meilleure réputation que les établissements sud-africains »
Directeur des opérations de MainOne Cable, 36 ans, ingénieur de formation
« Après avoir été ingénieur chez Schlumberger [pétrole], puis chez Dimension Data [informatique], j’ai rejoint MainOne Cable [télécoms]. Je supervise les équipes qui posent la fibre optique. Dix cadres sont sous ma responsabilité. Voici deux ans, j’ai voulu suivre une formation plus commerciale et managériale. J’ai donc cherché un MBA en alternance. J’ai d’abord pensé à l’Afrique du Sud, puis j’ai découvert la Lagos Business School. De même niveau que les écoles du Cap et de Johannesburg, elle a meilleure réputation, grâce à ses liens avec les grands groupes du Nigeria. »
Camille Omotosho : « Occuper une fonction plus stratégique »
Yield manager chez Airtel, 33 ans, chimiste de formation
« Pendant dix ans, j’ai assumé des fonctions commerciales chez l’opérateur de téléphonie Airtel. Aujourd’hui, je gère une équipe de yield management [optimisation des revenus], et je souhaite occuper une fonction plus stratégique. Pour cela, j’ai choisi un MBA prestigieux. Mon directeur général m’a soutenu en me libérant une journée par semaine, même si c’est moi qui finance la formation. Suivre un cursus à la Lagos Business School demande du temps. Lors de l’entretien de motivation, l’école vérifie qu’entreprise et famille appuient le projet. »
La quasi-totalité des professeurs sont des professionnels qui pratiquent le métier qu’ils enseignent : des dirigeants d’entreprise, des consultants, des hauts fonctionnaires… On est proche de « la vraie vie » », juge Chidinma Iwe, un étudiant, au sortir de l’une de ces séances.
Rude sélection
Avec l’appui pédagogique de l’IESE et la proximité du plus grand centre d’affaires d’Afrique de l’Ouest, la LBS s’est imposée comme une référence au Nigeria, en particulier grâce à ses programmes de formation continue. Classée depuis 2007, l’école figure au 55e rang du palmarès 2013 « Executive Education » du Financial Times, regroupant les meilleurs cours non diplômants mondiaux.
Son MBA en alternance (Executive MBA) est lui aussi un must au niveau national. Pour y être accepté, la sélection est rude. « Il faut avoir au moins sept ans d’expérience et assumer des fonctions de direction générale. Seul un candidat sur trois est admis, après avoir obtenu un bon score au GMAT [test d’anglais professionnel], réussi un examen écrit sous forme de QCM et surtout participé à un entretien approfondi de motivation », explique Enase Okonedo.
« Chaque promotion compte une soixantaine d’étudiants. Certains viennent de l’industrie pétrolière, d’autres de l’édition musicale, de l’informatique, de la téléphonie ou de la finance et de l’assurance. On recense aussi plusieurs créateurs d’entreprises », complète Camille Omotosho, 33 ans, cadre chez l’opérateur télécom Airtel, qui suit cette formation.
Coûts
Pour les frais d’entrée, on est loin du coût d’un MBA américain ou britannique, pouvant aller jusqu’à 100 000 euros. Mais tous les cadres nigérians – ou africains – ne peuvent s’offrir l’Executive MBA de la LBS à 2,3 millions de nairas (environ 10 400 euros). « Dans 20 % à 25 % des cas, ce sont les entreprises qui financent la formation, résume Enase Okonedo, qui espère que la proportion va augmenter. Quelques bourses sont payées par des anciens, et nous autorisons un règlement échelonné. »
À la sortie, les étudiants de la LBS n’ont guère de problèmes pour trouver un emploi. « Plus de 60 % des élèves en formation continue reçoivent une proposition d’embauche avant d’avoir leur diplôme. Quant à ceux qui sont en alternance, leur passage ici accélère leur carrière en leur permettant d’accéder à des directions plus stratégiques que techniques », indique la directrice. Invités à contribuer au succès de l’école, les anciens élèves jouent un rôle important : ils donnent des cours, recrutent, coachent… ou proposent des financements.
International
Un bémol toutefois : seuls 2 % à 3 % des effectifs de la LBS sont étrangers, même au sein du programme de management international. Les quelque 170 millions d’habitants du Nigeria constituent, pour le moment, le bassin de recrutement quasi exclusif de l’école. « Nous n’oublions pas l’ouverture internationale. Nous avons un programme de partenariat avec l’IESE à Barcelone et avec l’université du Wisconsin (États-Unis), où nos étudiants de MBA partent une semaine en voyage d’études. Nous comptons aussi de nombreux professeurs étrangers, notamment chinois, brésiliens, américains et français.
Enfin, la LBS a signé un accord de coopération avec l’université de Stellenbosch (en Afrique du Sud) et avec celle de Nairobi », relativise Enase Okonedo.
Pour en savoir plus sur le Nigeria :
Aliko Dangote : « Le potentiel du Nigeria est un secret trop bien gardé »
Nigeria : l’eldorado… de demain
Le Nigeria bientôt la première économie d’Afrique ?
Sur la formation professionnelle en Afrique :
Dossier formation : quelles sont les meilleures écoles de commerce africaines ?
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