En Sierra Leone, la situation se stabilise, selon Julius Maada Bio
Le président sierra-léonais a affirmé au soir de ce 26 novembre que le calme avait été rétabli après une journée d’affrontements à Freetown. Une tentative de déstabilisation de l’État dont la plupart des responsables ont été arrêtés, selon Julius Maada Bio.
« Le calme est rétabli » après une « tentative visant à saper la paix et la stabilité à laquelle nous travaillons si durement », a affirmé Julius Maada Bio à la télévision d’État au terme d’une journée qui a vu des inconnus tenter de forcer une armurerie militaire à Freetown, affronter les forces de sécurité en plusieurs points de la capitale et faire sortir de nombreux détenus de prison. Les autorités ont décrété un couvre-feu dans tout le pays jusqu’à nouvel ordre.
« La plupart des leaders ont été arrêtés » et ils devront rendre des comptes, a déclaré le président sierra-léonais lors d’une courte intervention, sans plus de précisions à leur sujet. Le ministre de l’Information, Chernor Bah, avait assuré un peu plus tôt que « la situation sécuritaire à Freetown [était] sous le contrôle ferme du gouvernement ».
Un calme précaire revenait en ville, a constaté un correspondant de l’AFP. Cependant, des check-points gardés par des forces de sécurité importantes ont été maintenus en place. Aucun bilan humain officiel des violences n’a été communiqué.
Un ancien membre de la garde rapprochée d’Ernest Bai Koroma
Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent quelques hommes en uniforme visiblement en état d’arrestation à l’arrière ou auprès d’un pick-up militaire. Les réseaux sociaux ont cité, photos à l’appui, un ancien membre de la garde rapprochée de l’ex-président Ernest Bai Koroma (2007-2018) comme l’un des participants à l’opération tués par les forces de sécurité.
L’aviation civile a demandé aux compagnies aériennes de reprogrammer leurs vols après la levée du couvre-feu, tout en assurant que l’espace aérien restait ouvert.
Ces événements ont éveillé le spectre d’une nouvelle tentative de coup d’État dans une Afrique de l’Ouest qui, depuis 2020, en a connu au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée, voisine de la Sierra Leone.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a parlé dans un communiqué d’une tentative de faire main basse sur des armes, mais aussi de « troubler la paix et l’ordre constitutionnel », langage communément employé pour les coups de force politiques. La représentation locale de l’Union européenne s’est dite « inquiète » et a appelé à « respecter l’ordre constitutionnel ».
La Sierra Leone, pays anglophone, a traversé une crise politique à la suite d’élections présidentielle et générales contestées en juin 2023. Freetown s’est réveillée avant le lever du jour au son des détonations.
« J’ai été réveillée vers 4h30 [locales et GMT] par un fort bruit de mitrailleuse et de bombes venant du côté de la caserne de Wilberforce, a raconté Susan Kargbo, jointe par téléphone. J’étais sous le choc, en panique. C’était comme en temps de guerre. Je n’ai pas pu aller à l’église à cause du couvre-feu. » Le gouvernement a indiqué que des individus avaient tenté de prendre d’assaut l’armurerie de la caserne de Wilberforce, une des principales du pays, mais avaient été repoussés.
« Tolérance zéro » pour la Cedeao
Les assaillants ont attaqué et forcé les portes de la prison centrale et de différents établissements pénitentiaires, permettant à des groupes d’hommes et de femmes de s’échapper, de maigres effets à la main pour certains. Le gouvernement a démenti qu’une tentative de prise de contrôle de la télévision nationale, un classique des coups d’État, avait été menée. La télévision d’État a diffusé un message du gouvernement assurant que la situation était sous contrôle, puis l’allocution du président.
« Nous condamnons dans les termes les plus vigoureux la tentative de saisie forcée pendant la nuit de la caserne et de l’armurerie de Wilberforce », a déclaré l’ambassade des États-Unis dans un message diffusé sur les réseaux sociaux. La Cedeao a exprimé son soutien au gouvernement en place, et appelé à l’arrestation des responsables des évènements. « La Cedeao réitère son principe de tolérance zéro pour les changements anticonstitutionnels de gouvernement », a souligné l’organisation.
Julius Maada Bio, élu une première fois en 2018, a été réélu en juin dès le premier tour, avec 56,17 % des voix selon les résultats publiés par la commission électorale, mais contestés par l’opposition.
(Avec AFP)
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