Chômage : les racines du mal maghrébin
Au sud de la Méditerranée, les études supérieures sont loin de garantir un emploi. En cause, la faiblesse du tertiaire et des filières universitaires inadaptées.
Au Maroc, 19 % des 15-24 ans sont au chômage. Ils sont 21 % en Algérie et 42 % en Tunisie. Une situation intenable pour toute une partie de la jeunesse maghrébine, qui peine à s’imaginer un avenir. Alors que, dans les pays occidentaux, un diplôme constitue un atout pour trouver du travail, au sud de la Méditerranée, les lauréats de l’enseignement supérieur sont particulièrement vulnérables.
Premier élément d’explication, la transition démographique, tardive, qui a provoqué une croissance importante du nombre d’étudiants. En Algérie, à la rentrée 2011, on comptait 1,25 million d’élèves en graduation (cursus du supérieur de trois à sept ans), contre 221 000 en 1990.
Or les économies du Maghreb peinent à absorber cette matière grise, principalement parce qu’elles ne sont pas assez diversifiées. En cause : la fragmentation du marché régional. Les coûts des transactions entre les pays de la zone sont quatre fois plus élevés qu’entre ces derniers et les membres de l’Union européenne.
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Les défis économiques plus pressants que jamais en Égypte
Pour Nicole Madariaga, économiste à l’Agence française de développement (AFD), il faut soutenir les secteurs suffisamment productifs pour faire face à la concurrence internationale. Comme l’a fait le Maroc en consentant d’importants investissements pour former une main-d’oeuvre destinée aux industries aéronautique et automobile. Ce qui lui a permis d’attirer, avec un certain succès, les fonds étrangers.
Aujourd’hui, les pays du Maghreb se tournent de plus en plus vers le secteur tertiaire. Les services contribuent déjà à 61 % du PIB tunisien, à 55 % du marocain, mais à seulement 31 % de l’algérien. En France, ils représentent environ 80 % du PIB. Les technologies de l’information et de la communication, en particulier, pourraient représenter un réservoir d’emplois.
Moteurs
Reste à résoudre le problème de l’inadéquation entre formation et emploi. Dans l’ensemble des pays du Maghreb, les étudiants qui choisissent des filières « non techniques » sont trop nombreux, tandis que les ingénieurs, scientifiques et techniciens manquent. Ils représentent pourtant des moteurs de croissance dans d’autres régions du globe, notamment en Asie de l’Est.
Enfin, l’amélioration du sort des étudiants passe aussi par le soutien aux petites et moyennes entreprises, insiste Hafez Ghanem, spécialiste des économies arabes. En Égypte par exemple, elles absorbent chaque année 72 % des nouveaux arrivants sur le marché du travail, diplômés ou non.
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