Au Niger, la junte abroge une loi contre les trafiquants de migrants

Adoptée « sous l’influence de certaines puissances étrangères », cette loi était « en contradiction flagrante avec nos règles communautaires », selon le CNSP au pouvoir à Niamey. Qui rappelle que, désormais, seuls les intérêts du Niger et de ses concitoyens compteront.

Des migrants non enregistrés attendent devant le centre d’information de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), à Arlit, au Niger, le 29 mars 2023. © STANISLAS POYET / AFP

Des migrants non enregistrés attendent devant le centre d’information de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), à Arlit, au Niger, le 29 mars 2023. © STANISLAS POYET / AFP

Publié le 28 novembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Le régime militaire nigérien a abrogé une loi votée en 2015 criminalisant le trafic illicite des migrants au Niger, plaque tournante de ce trafic vers l’Europe via la Libye ou l’Algérie voisines.

« Le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, régime militaire), le général Abdourahamane Tiani, a signé une ordonnance portant abrogation » d’une loi du 26 mai 2015 « relative au trafic illicite de migrants », indique un communiqué du secrétariat général du gouvernement lu à la radio et à la télévision publiques, le 27 novembre.

la suite après cette publicité

Cette loi qui « érige et incrimine en trafic illicite certaines activités par nature régulières », avait « été votée sous l’influence de certaines puissances étrangères », affirme le communiqué. En outre, elle était « en contradiction flagrante avec nos règles communautaires » et « ne prenait pas en compte les intérêts du Niger et de ses concitoyens », ajoute-t-il. Le CNSP a donc « décidé de l’abroger » en raison « de tous (ses) effets néfastes et (de son) caractère attentatoire aux libertés publiques ».

L’ordonnance stipule que « les condamnations » et « leurs effets » prononcés en application de la loi abrogée « sont effacés à compter du 26 mai 2015 ».

Surveillance renforcée

Votée le 26 mai 2015 par l’Assemblée nationale, cette loi contre les trafiquants de migrants prescrivait des peines « de un à 30 ans de prison » et « des amendes de 3 millions à 30 millions de francs CFA » (4 500 à 45 000 euros) contre les trafiquants.

Depuis son entrée en vigueur, et avec l’appui financier de l’Union européenne (UE), la surveillance, y compris militaire, avait été renforcée dans le désert de la région d’Agadez (nord), important point de transit pour de milliers de ressortissants ouest-africains candidats à l’émigration vers l’Europe, via l’Algérie ou la Libye.

la suite après cette publicité

Des dizaines de personnes travaillant dans les réseaux de la migration clandestine ont été arrêtées et emprisonnées, de nombreux véhicules de convoyeurs de migrants confisqués.

Changement d’itinéraires

La loi de 2015 n’a cependant pas dissuadé les migrants qui ont changé d’itinéraires, en empruntant des routes plus dangereuses à travers le désert par de nouvelles pistes sans points d’eau ni repères ou possibilités d’être éventuellement secourus. Les opérations de sauvetage de migrants sont fréquentes dans le désert hostile du Sahara, surtout vers la Libye.

la suite après cette publicité

De nombreux migrants ouest-africains se rassemblent généralement à Agadez où sont installés des réseaux de passeurs. Selon les autorités de la ville, il est fréquent que des véhicules transportant des migrants tombent en panne dans le désert, ou que les passeurs se perdent ou abandonnent leurs passagers par crainte des barrages ou des patrouilles militaires. Certains migrants meurent de déshydratation.

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Migrants : la dérive des sentiments

Contenus partenaires