Les multinationales s’arrachent les managers africains
Banques, mines, grande distribution, construction… Les multinationales s’arrachent les managers africains. Une aubaine pour ces cadres, qui voient les offres se multiplier et leurs salaires augmenter.
Subsaharien, formé en Europe, possédant une expérience internationale et, si possible, déjà en poste sur le continent… Quel que soit le secteur d’activité, ce profil est devenu une cible incontournable pour les multinationales présentes en Afrique.
« La guerre des talents s’accentue au niveau du middle, et surtout du top management, confirme Paul Mercier, le patron Afrique du cabinet de recrutement Michael Page. Les cadres du continent vieillissent, en particulier les dirigeants qui, pendant longtemps, ont été des expatriés. »
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AfricSearch à Abidjan
Parmi les secteurs porteurs, la finance fait partie des plus dynamiques, d’après Didier Acouetey, directeur d’AfricSearch, premier cabinet de recrutement consacré au continent. « Les banques cherchent à pourvoir des postes de direction dotés d’une dimension de structuration, de conquête de marchés, mais aussi de support [activités de gestion]. C’est le cas des groupes africains – Ecobank, Bank of Africa, Attijariwafa Bank, Oragroup… – qui s’implantent dans de nouveaux pays. »
Quelques postes d’investment officers, d’auditeurs et de contrôleurs des risques attendent aussi preneurs dans les fonds d’investissement. Quant au secteur des biens de consommation, il a besoin d’assistants marketing et de chefs de produits, indique Didier Acouetey.
La multiplication des écoles de commerce – pas toujours de bon niveau pourtant – permet parfois de répondre à la demande dans les services (au moins pour les postes juniors).
Tracasseries
Les secteurs des infrastructures (routes, énergie…), de la construction ou de l’industrie extractive, dans laquelle Paul Mercier note un ralentissement, rencontrent en revanche plus de difficultés pour trouver leurs ingénieurs et chefs de projets sur place.
Cela n’empêche pas Total de recruter une vingtaine d’ingénieurs (géophysiciens, géologues, spécialistes du forage ou de la mécanique…) en contrat local au Congo, au Gabon et en Angola.
Si « la demande de managers africains de haut niveau est très importante, c’est parce que nos clients privilégient les nationaux, à présent », explique Fanta Traoré, consultante senior chez Robert Walters. Sur des marchés désormais concurrentiels, ils permettent aux entreprises de réduire leurs coûts en évitant de payer des packages (logement, véhicule, primes de sécurité). Leur proximité culturelle avec le continent constitue elle aussi un atout. Par ailleurs, les tracasseries administratives subies pour embaucher des expatriés sont dissuasives.
Conscients de la rareté de leur profil, certains font jouer la concurrence.
Ces managers africains sont recrutés en Europe ou aux États-Unis, plus rarement au sud du Sahara. Résultat : si l’on exclut les avantages annexes, les rémunérations des locaux (Africains « rapatriés » compris), se rapprochent de celles des expatriés. « Lorsque le périmètre d’activité couvert est le même, les grands groupes alignent les salaires africains sur les salaires européens, explique un recruteur. Sur une base de 100 en Europe, un contrat d’expatrié peut atteindre 110 au Sénégal et 125 au Nigeria. Le contrat local, lui, se situe entre 80 et 100. » Didier Acouetey estime que le directeur des ressources humaines d’une grande entreprise en contrat local touche entre 2,5 et 3 millions de F CFA (entre 3 800 et 4 570 euros environ) par mois au Sénégal. Au Gabon, il gagnerait 3,5 millions de F CFA, contre 4 millions pour un expatrié.
Conscients de la rareté de leurs profils, certains managers font jouer la concurrence, déplorent les recruteurs. « Si vous parvenez à retenir une personne à haut potentiel quatre ans, contre au moins six ans en Europe, c’est que votre équipe de ressources humaines est réellement très forte », conclut Guillaume Imbert, d’Adexen.
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