Français enlevé au Nigeria : François Hollande et Abuja évoquent deux pistes différentes

Le président français François Hollande a semblé privilégier vendredi la piste des islamistes d’Al-Qaida dans l’enlèvement d’un ingénieur français au Nigeria tandis que la police nigériane disait porter ses soupçons sur des employés de l’entreprise pour laquelle travaillait l’expatrié, le neuvième Français détenu en Afrique.

Des islamistes armés à Gao, dans le nord du Mali, le 21 septembre 2012. © AFP

Des islamistes armés à Gao, dans le nord du Mali, le 21 septembre 2012. © AFP

Publié le 22 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Le ministère français des Affaires étrangères, tempérant les propos du président, a souligné qu’en l’absence de revendication la France n’écartait "aucune piste" dans l’enlèvement réalisé mercredi soir par une trentaine d’hommes armés qui ont attaqué la résidence de l’entreprise où logeait la victime dans le nord du Nigeria, à la frontière du Niger. Deux gardes nigérians ont été tués au cours de l’attaque.

L’homme dont l’identité n’a pas été révélée est le neuvième Français à avoir été kidnappé en Afrique, où sept d’entre eux sont détenus par des islamistes au Sahel et un autre en Somalie. Le président Hollande a évoqué la piste des islamistes actifs dans la zone. "Il a été capturé par un groupe puissamment armé qui a tué deux Nigérians et qui est sans doute en lien avec Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) ou les groupes qui sont aujourd’hui au Mali", a-t-il dit à la radio Europe 1. "Nous devons être fermes par rapport au terrorisme tout en maintenant les contacts pour faire libérer" les otages français, a-t-il poursuivi. "Je refuse ce commerce-là. Autant il y a des contacts qui doivent être pris, il y a des intermédiaires qui doivent être utilisés, j’ai le respect de la vie des otages mais vous voyez bien que ce qui est en train de se passer, c’est une opération commerciale qui n’a rien à voir avec de la politique et qui vise à prendre de l’argent pour ensuite acheter des armes et déstabiliser des pays", a-t-il dénoncé.

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"Le terrorisme n’est pas une affaire qui concerne seulement les Maliens"

Il a fait ces déclarations quelques heures après l’adoption d’une résolution présentée par la France au Conseil de sécurité de l’ONU approuvant le principe de l’intervention au Mali d’une force africaine appuyée par les Occidentaux pour chasser les groupes islamistes, dont Aqmi, qui ont pris le contrôle du nord du pays. "Le terrorisme n’est pas une affaire qui concerne seulement les Maliens ou qui pourrait concerner les Algériens, c’est une affaire qui concerne tous ceux qui sont présents en Afrique, d’abord les Africains", a insisté le président français.

De son côté, la police nigériane a estimé que l’ingénieur français semblait avoir été enlevé par des employés de l’entreprise pour laquelle il travaillait, la société Vergnet spécialisée dans les énergies renouvelables. "En regardant la façon dont l’opération a été menée, comment cela a été coordonné, la vitesse, l’expertise, tout indique qu’il s’agit de l’oeuvre d’employés de l’entreprise", a déclaré à l’AFP le commissaire de police de l’Etat de Katsina Abdullahi Magaji. Il n’a pas évoqué de possibles commanditaires extérieurs.

Les enlèvements d’expatriés avec demande de rançon sont un commerce très lucratif au Nigeria, mais ils sont presque toujours concentrés dans la région pétrolifère du Delta du Niger, dans le sud du pays. Le groupe islamiste Boko Haram, tenu responsable de la mort de plusieurs centaines de personnes depuis 2009, sévit fréquemment dans le nord du Nigeria, mais son implication dans des rapts n’est pas claire. "L’enlèvement ne ressemble pas à un coup de Boko Haram", a ajouté le commissaire Magaji. Les ravisseurs connaissent bien la région et n’étaient probablement pas des "étrangers", a-t-il dit.

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De son coté, le ministère français des Affaires étrangères a dit qu »aucune piste n’était écartée", qu’elle soit islamiste ou crapuleuse. Dans la zone où le ressortissant français a été enlevé "se trouvent traditionnellement des groupes terroristes liés à Al Qaïda, Aqmi, le Mujao ou Boko Haram", a souligné un porte-parole du Quai d’Orsay, Philippe Lalliot, tout en laissant ouverte la possibilité d’un enlèvement pour de l’argent. Enfin, le parquet de Paris a ouvert vendredi une enquête préliminaire pour "enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste".

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