Afrique du Sud : Jacob Zuma défend son bilan en ouvrant le congrès de l’ANC
Le président sud-africain Jacob Zuma a défendu son bilan tout en promettant des changements, dimanche à Bloemfontein (centre), en ouverture d’un congrès de l’ANC qui devrait le reconduire à la tête du parti au pouvoir, malgré l’opposition interne.
Dans un discours fleuve prononcé avec plus de quatre heures de retard devant près de 4.500 délégués venus de tout le pays, le président s’est voulu rassurant, se gardant bien d’annoncer le virage à gauche que craignaient notamment les milieux d’affaires.
"Nous devons attirer des investisseurs tant nationaux qu’internationaux", a-t-il souligné, expliquant que l’économie sud-africaine devait voir cohabiter le secteur public avec le privé.
"Nous voulons combattre l’impression fausse que notre pays part en lambeaux. (…) Nous avons un plan pour faire croître l’économie et créer des emplois", a lancé M. Zuma, qui dirige l’ANC depuis cinq ans et le pays depuis trois ans et demi.
Il a défendu point par point son bilan contre les critiques qui pleuvent sur le Congrès national africain (ANC), illustre mouvement de lutte anti-apartheid au pouvoir depuis dix-huit ans, dans un pays où plus d’un quart de la population a faim, où le système éducatif est catastrophique et où les inégalités sont toujours parmi les plus criantes du monde.
La route vers la prospérité sera "longue et rude (…) mais l’ANC reste le seul espoir pour les pauvres et les exclus", a-t-il martelé, reconnaissant toutefois que "les conditions économiques mondiales pourraient rendre nos tâches et ces plans plus difficiles".
Il a promis des efforts dans l’éducation, le combat contre la corruption ou la lutte contre le braconnage des rhinocéros.
Concernant le parti, M. Zuma a affiché sa fermeté face aux voix discordantes, a jugé "inacceptables" toutes les violences qui ont accompagné le processus de désignation interne ces derniers mois et a annoncé que le congrès devrait prendre des décisions sur la fâcheuse habitude qu’ont pris certains cadres du parti de vivre de marchés publics.
La foule, quelque peu assoupie pendant le discours prononcé sous une tente surchauffée, a en revanche vibré quand le président, remarquable chanteur, a entamé un long hymne à la gloire de de son prédécesseur Nelson Mandela, hospitalisé depuis une semaine à Pretoria pour une infection pulmonaire et des calculs biliaires à 94 ans.
Zuma favori
Jacob Zuma est archi-favori pour se succéder à lui-même à la tête de l’ANC, qui fêtait cette année son centenaire. Il sera confronté au vice-président (du parti et du pays) Kgalema Motlanthe, mais bénéficie du soutien d’environ 75% des délégués.
"Je pense que Zuma va gagner", a estimé Lekego Mashifane, représentant du Limpopo (nord) une province pourtant hostile au président. "Vous pouvez vous en rendre compte par vous-mêmes, tout va bien.", a-t-il assuré à la presse.
Les délégués étaient dans l’ensemble très disciplinés dimanche, loin des batailles rangées qui avaient marqué le précédent congrès à Polokwane (nord) en 2007, au cours duquel
M. Zuma s’était emparé du parti à la hussarde.
Ils devraient renouveler le "top six" (président, vice-président, secrétaire général, secrétaire général adjoint, coordinateur national et trésorier) de l’ANC à partir de dimanche soir, les résultats étant officiellement annoncés lundi soir.
Le principal suspens concerne la place de numéro deux, le charismatique Cyril Ramaphosa, un ancien syndicaliste qui s’est illustré dans la lutte anti-apartheid avant de se reconvertir dans les affaires, étant favori pour succéder à M. Motlanthe.
Le congrès de l’ANC doit s’achever jeudi.
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