Tibéhirine : Hollande en Algérie, espoir des familles pour débloquer l’enquête

Les proches des moines de Tibéhirine comptent sur la visite du président François Hollande en Algérie pour débloquer l’enquête sur l’assassinat des religieux et obtenir le feu vert des autorités algériennes au déplacement du juge d’instruction Marc Trévidic.

Bénédicte Lebreton présente, le 9 juillet 2009 à Talence, une photo de son frère, Chistophe. © AFP

Bénédicte Lebreton présente, le 9 juillet 2009 à Talence, une photo de son frère, Chistophe. © AFP

Publié le 15 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

A l’approche de la visite d’Etat de M. Hollande les 19 et 20 décembre, l’avocat des parties civiles, Me Patrick Baudouin, a adressé une lettre au chef de l’Etat, rendue publique par le journal La Croix, lui demandant d’évoquer lors de ses entretiens "la nécessaire coopération des autorités algériennes" à l’enquête.

M. Hollande doit en particulier rencontrer son homologue Abdelaziz Bouteflika.

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Dans une commission rogatoire internationale (CRI) du 16 décembre 2011 adressée aux autorités algériennes, le juge Trévidic a demandé à se rendre en Algérie pour exhumer et autopsier les têtes des moines et obtenir des informations sur une vingtaine de témoins.

"Le dossier d’instruction a connu des avancées significatives ces dernières années mais reste aujourd’hui suspendu à la coopération des autorités algériennes", écrit Me Baudouin.

Seule réaction officielle des autorités algériennes en février à la demande du juge, le Premier ministre de l’époque Ahmed Ouyahia avait réaffirmé que l’Algérie n’avait "rien à cacher" sur cette affaire.

"L’Algérie n’a rien à cacher, l’Algérie a des conventions de coopération judiciaire avec la France et elle a toujours coopéré sur ce dossier avec la France", avait déclaré M. Ouyahia.

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"Les nouvelles avancées de l’enquête ne peuvent venir que de l’Algérie", a estimé Me Baudouin auprès de l’AFP.

"L’intérêt des autorités algériennes, qui disent ne rien avoir à cacher, est de jouer la transparence", a-t-il ajouté, estimant que le juge doit pouvoir explorer toutes les pistes, y compris les éléments du dossier évoquant une implication des services algériens.

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Agent infiltré?

Les sept moines avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère isolé, situé près de Medea. Le Groupe islamique armée (GIA) de Djamel Zitouni, parfois soupçonné d’avoir été un agent infiltré des services algériens, avait revendiqué dans un communiqué l’enlèvement et l’assassinat des religieux.

Les têtes des moines avaient été retrouvées le 30 mai au bord d’une route de montagne, mais leurs corps ne l’ont jamais été, soulevant l’hypothèse que cette absence de dépouille ait été destinée à masquer les causes de leur mort.

Après avoir suivi la thèse islamiste, l’enquête judiciaire s’est réorientée vers une bavure de l’armée algérienne depuis 2009 et le témoignage d’un ancien attaché de défense à l’ambassade de France à Alger.

D’après le général François Buchwalter, les moines ont été tués dans un raid d’hélicoptères militaires tandis qu’ils se trouvaient dans ce qui semblait être un bivouac de djihadistes.

Une autopsie de têtes pourrait permettre au juge de recueillir des indices sur les conditions de leur mort.

Aucune autopsie ne figure au dossier d’instruction et deux témoins -dont le médecin en poste à l’ambassade de France au moment de la mort des moines- ont livré sur les conditions d’identification des têtes des religieux dans un hôpital militaire d’Alger, en mai 1996, une version qui diverge de celles de l’ambassadeur de France de l’époque.
Par ailleurs, le juge souhaite faire entendre une vingtaine de témoins, cités par des repentis du GIA.

Il demande également des informations sur Abderrazak El Para, un temps présenté comme responsable du GIA, et son éventuelle participation à l’enlèvement des moines. Décrit comme proche de Djamel Zitouni, l’émir du GIA, et actuellement détenu pour le rapt de touristes européens, El Para est soupçonné d’avoir été proche du contre-espionnage algérien.
 

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