Égypte : l’armée chargée de la sécurité du pays, nouveaux appels à manifester le 11 décembre

Le président égyptien, Mohamed Morsi, a fait appel à l’armée lundi 10 décembre en lui demandant d’assurer la sécurité du pays d’ici au dévoilement des résultats du référendum sur le controversé projet de Constitution, prévu pour le 15 décembre.

Un partisan du président égyptien Mohamed Morsi, le 9 décembre 2012 au Caire. © AFP/Patrick Baz

Un partisan du président égyptien Mohamed Morsi, le 9 décembre 2012 au Caire. © AFP/Patrick Baz

Publié le 10 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Le décret annoncé lundi, remettant entre les mains de l’armée la gestion de la sécurité du pays, prévoit que les militaires pourront à nouveau procéder à des arrestations de civils. Cette mesure prise par le président Morsi est d’autant plus contestée qu’elle rappelle les pratiques de l’armée à l’époque où elle était aux commandes du gouvernement de transition, entre la chute d’Hosni Moubarak et l’élection de Mohamed Morsi, de février 2010 à juin 2012.

Mohamed Morsi a ainsi demandé à l’armée égyptienne « d’appuyer les services de police et de coopérer avec elle » d’ici à la diffusion des résultats du référendum sur le texte de Constitution.

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« Les officiers et sous-officiers des forces armées participant aux missions de préservation de la sécurité et de protection des installations vitales de l’Etat (…) ont tous les pouvoirs d’arrestation judiciaire », indique-t-on dans le décret.

L’armée, qui maintient son influence malgré l’élection du premier président civil de l’Égypte, a fait savoir samedi qu’elle ne laisserait pas le pays s’enliser dans un « désastre », prêchant pour la tenue d’un dialogue.

Maintien du référendum

L’Égypte est secouée par une violente crise politique depuis l’annonce, le 22 novembre, d’un décret de Mohamed Morsi, par lequel il s’octroyait la quasi totalité des pouvoirs en se plaçant au-dessus de tout recours judiciaire. Le président a fait marche arrière sur ces pouvoirs renforcés samedi dernier, mais il a maintenu au 15 décembre la date d’un référendum sur la Constitution.

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Après l’annulation du décret sur ses pouvoirs renforcés, le président Morsi a tenté une nouvelle fois de calmer le jeu en renonçant, dans la nuit de dimanche à lundi, aux hausses de taxes prévues sur certains produits de base et de grande consommation, tels que le béton et les cigarettes.

Il a par ailleurs chargé son premier ministre, Hicham Qandil, d’instaurer un « dialogue social » sur ces hausses, selon l’agence officielle Mena. Dans un communiqué publié par le parti des Frères musulmans, Liberté et Justice (PLJ), le gouvernement soutient que de telles mesures alourdiraient le fardeau « des plus pauvres ».

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Affrontements meurtriers

De leurs côtés, les anti- et pro-Morsi ont appelé à manifester mardi 11 décembre. Depuis deux semaines ces deux camps s’affrontent dans la rue autour du projet de Constitution du président Morsi, issu des Frères musulmans. Les opposants au pouvoir dénonce l’émergence d’un État islamique sous l’égide de la charia, offrant peu de garanties pour les libertés.

Le dernier bilan de ces affrontements faisait état de sept morts et de centaines de blessés lors des affrontements survenus mercredi dernier aux abords du palais présidentiel. L’armée a par ailleurs déployé des chars d’assaut afin d’assurer la sécurité du bâtiment, situé dans le quartier d’Héliopolis.

Lundi, les titres de la presse égyptienne illustraient le clivage politique du pays. Le quotidien indépendant al-Masry al-Yom soutenait que les « révolutionnaires » rejetaient le référendum, tandis que la presse favorable aux Frères musulmans clamait qu’un tel texte « permettrait au pays de marcher ».

Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a déclaré en entrevue télévisée dimanche soir que la constitution égyptienne était ambiguë. Selon lui, le texte « peut permettre une "confessionnalisation" beaucoup plus poussée du régime et (il y a) toute une série de dispositions qui, si elles étaient assorties de lois liberticides, pourraient être dangereuses ».

(Avec AFP)

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