Au Maroc, un « antisioniste » nommé Sion
Activiste de gauche, en tête de toutes les manifestations depuis le début de la guerre à Gaza, Sion Assidon a toujours refusé l’étiquette de « juif marocain ». Et plaide contre le rétablissement des relations entre Rabat et Tel-Aviv.
Le militant marocain des droits de l’homme Sion Assidon lors d’une manifestation du mouvement Boycott, Désinvestissement, Sanctions (BDS) contre un concert d’Enrico Macias, le chanteur français d’origine juive algérienne considéré comme pro-israélien, à Casablanca, le 14 février 2019. © AFP
Publié le 13 décembre 2023 Lecture : 6 minutes.
À 75 ans, Sion Assidon continue de mener « la » bataille de sa vie : la défense de la cause palestinienne. Ce membre de l’Association solidarité Maroc-Palestine (ASMP) et de la section Maroc de l’initiative de boycott des investissements israéliens « Boycott-Désinvestissement-Sanctions » (BDS) nous donne rendez-vous au siège de sa société de fabrication mécanique, à Derb Omar.
Juif, et alors ?
Le natif d’Agadir reste attaché à ce vétuste poumon commercial de Casablanca, fondé il y a un siècle par des grossistes européens et juifs marocains. Chéchia rouge, keffieh autour du cou, stylo à bille et bloc-notes… Ce mathématicien de formation n’arbore pas le dress code du patron ordinaire. « Merci de l’intérêt pour ma personne mais ce qui est important pour moi, c’est ce dont nous allons parler », précise-t-il d’emblée comme pour évacuer toute tentative de portrait ou de description trop personnelle.
Discret sur tout ce qui ne concerne pas son militantisme, Sion Assidon est père de deux enfants et réside à Mohammedia, à 30 minutes de Casablanca. Ceux qui le connaissent ou l’ont fréquenté et qui acceptent de parler de lui évoquent d’abord un séducteur qui aime convaincre. « Quand il vous parle, il vous regarde toujours droit dans les yeux », confie un ancien proche. Qui ajoute que l’homme est aussi réputé pour son hygiène de vie très stricte : « Il ne boit pas, ne fume pas et fait très attention à sa ligne. »
