Le frère d’un otage français s’adresse à Aqmi dans un message vidéo

Le frère d’un des six Français détenus au Sahel par Aqmi s’est adressé samedi directement aux ravisseurs via une vidéo, les interpellant sur le blocage des négociations, mais sa démarche a divisé les familles des otages.

Capture d’écran d’une vidéo montrant Pierre Legrand, l’un des otages français. © AFP

Capture d’écran d’une vidéo montrant Pierre Legrand, l’un des otages français. © AFP

Publié le 9 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

"Si nous choisissons aujourd’hui de nous adresser à vous, c’est que nous ne comprenons pas pourquoi tout est bloqué", a déclaré aux ravisseurs Clément Legrand, frère de Pierre Legrand, originaire de Loire-Atlantique et enlevé le 16 septembre 2010 à Arlit (nord du Niger), avec Thierry Dol, Daniel Larribe et Marc Ferret, collaborateurs du groupe nucéaire public Areva et de son sous-traitant Satom.

"Nous tenons à vous dire que nous, les familles, faisons tout notre possible auprès du gouvernement, des entreprises mais aussi des Français pour que soit déclenchée une réelle négociation", poursuit-il, dans la vidéo adressée aux ravisseurs de Al-Qaïda au Maghreb islamaique (Aqmi). Le document a été transmis, selon la porte-parole des familles, au site internet Sahara Médias, qui avait diffusé en septembre une vidéo des otages au Niger.

la suite après cette publicité

Cet appel direct aux ravisseurs – rarissime sous cette forme – traduit l’"exaspération" des familles privées d’information, a commenté Frédéric Cauhapé, beau-frère de Marc Féret. "C’est une démarche commune des proches des employés de la Satom", a-t-il déclaré. "Cela fait 27 mois et on n’a pas de nouvelles. Cette démarche traduit notre exaspération devant le manque d’information. On s’adresse à la source", a-t-il ajouté.

Surprise

Si, selon la famille Legrand, les proches de Thierry Dol se sont associés à cet appel vidéo, l’ex-otage Françoise Larribe, épouse d’un des Français toujours retenus au Niger, s’y est dite "formellement opposée". "Non je ne m’associe pas à cette démarche", a souligné Mme Larribe, libérée le 24 février 2011 avec deux otages malgache et togolais, plus de cinq mois après avoir été enlevée, comme son époux et les trois Français toujours retenus à Arlit, sur un site d’extraction d’uranium.

L’appel a également "surpris" les proches des deux otages d’Aqmi au Mali, Serge Lazarevic et Philippe Verdon, enlevés en novembre 2011. Jean-Pierre Verdon, le père de Philippe Verdon, a relevé que les proches des six otages d’Aqmi au Sahel s’étaient retrouvés vendredi pour une conférence de presse à Paris, en présence de proches de Pierre Legrand, pour presser François Hollande d’agir, mais qu’il n’avait pas été question de cet appel.

la suite après cette publicité

De même Pascal Lupart, président du comité de soutien à Philippe Verdon et Serge Lazarevic, s’est interrogé: "Dans quel but cela est-il fait? Si on a quelqu’un à interpeller, je ne pense pas que ce soient les ravisseurs". "Vu la situation et le projet d’intervention au Mali, les otages restent des boucliers. Nous voulons des actes et nous n’avons pas besoin de l’empathie du Président de la République. Il a tous les outils en main pour faire débloquer la situation", a-t-il ajouté.

Troisième Noël en détention

la suite après cette publicité

La fille de Serge Lazarevic, Diane Lazarevic, a pour sa part regretté le manque d’informations fournies aux familles par les autorités françaises, déplorant ne plus avoir de contact avec le chef de l’Etat. "François Hollande s’était engagé personnellement à tout mettre en oeuvre pour faire libérer les otages. Cela fait deux mois qu’on l’a vu et cela fait deux mois qu’on n’a pas de nouvelles", a-t-elle regretté, ajoutant ne pas avoir été informée non plus de la démarche de Pierre Legrand.

Interrogé par l’AFP sur cette vidéo, l’Elysée n’a pas réagi. Le Quai d’Orsay a indiqué que "c’est une décision de la famille que nous ne commentons pas".

A l’approche d’un troisième Noël en détention, les otages ‘"nous manquent tous les jours", a déclaré Clément Legrand dans la vidéo. "Aujourd’hui, les seules informations concrètes que nous ayons sont celles que vous nous envoyez", a ajouté le jeune homme. "Comprenez notre inquiétude, nous vivons dans l’attente de votre réponse et d’une issue rapide et bénéfique pour tous", conclut-il.
 

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires