Pour Museveni, la force de l’ONU fait « du tourisme » en RDC
La force de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC) est « une grande honte » et elle se livre « à une sorte de tourisme militaire » dans le pays, a déclaré samedi le président ougandais Yoweri Museveni.
M. Museveni, qui s’exprimait devant un sommet des pays d’Afrique australe (SADC) à Dar es Salaam (Tanzanie), a estimé que les espoirs de paix en RDC résidaient désormais dans le projet de déploiement d’une force neutre telle que proposée par l’Union Africaine et en particulier par les pays voisins de la RDC.
La force de l’ONU en RDC (Monusco), forte de 19.000 hommes, est une des plus importantes opérations militaires de l’ONU dans le monde, mais elle n’a pu empêcher les exactions des milices dans l’Est de la RDC, ni les récentes conquêtes militaires du mouvement rebelle du M23.
"Autant d’hommes en uniforme et ils ne font que s’asseoir sur les problèmes !" a déclaré M. Museveni, invité par le sommet de la SADC — dont son pays n’est pas membre — à faire rapport sur la situation en RDC.
"C’est une grande honte. C’est une sorte de tourisme militaire", a poursuivi M. Museveni, dont le pays a été, ainsi que le Rwanda, accusé à plusieurs reprises par des experts de l’ONU d’apporter un soutien militaire aux rebelles du M23 contre le gouvernement de RDC.
Force internationale neutre
Kampala et Kigali rejettent ces accusations. L’Ouganda a même menacé de se retirer de toutes les forces internationales de l’ONU auxquelles elle participe aujourd’hui – notamment celle, cruciale, en Somalie – si ces accusations n’étaient pas retirées.
"Je suis confiant qu’avec la force internationale neutre, nous pouvons résoudre ces problèmes (en RDC), avec l’appui logistique des Nations unies. Elle aidera les peuples du Congo et des pays voisins ", a estimé le chef d’Etat ougandais.
L’Ouganda et les autres pays membres de la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) tentent depuis plusieurs mois de mettre sur pied une force internationale neutre qui serait chargée de lutter contre les milices dans l’Est de la RDC, et de s’assurer qu’elles ne reçoivent pas de soutien extérieur.
Ce projet a fait l’objet d’un accord entre la RDC, qui accuse le Rwanda et l’Ouganda de soutenir les rebelles du M23, et ces deux pays qui réfutent ces accusations. Il peine toutefois à se concrétiser depuis son lancement en juillet dernier.
Négociations
La Tanzanie s’est engagée à envoyer plusieurs centaines d’hommes contribuer à une telle force, et la RDC espère que le sommet de la SADC permettra d’engranger d’autres offres de participation, avait indiqué à l’AFP sous couvert d’anonymat un responsable à la présidence congolaise juste avant le sommet.
Précédé de plusieurs réunions préparatoires vendredi, le sommet de la SADC réunit notamment les présidents Jacob Zuma (Afrique du Sud), Jakaya Kikwete (Tanzanie), Joseph Kabila (RDC) et Armando Guebuza (Mozambique).
Ce sommet extraordinaire doit être largement consacré à la crise dans l’est de la RDC, et il doit aussi examiner la situation à Madagascar et au Zimbabwe.
Dans l’Est de la RDC, les rebelles du M23 ont lancé depuis huit mois une offensive qui leur a permis de conquérir le 20 novembre dernier Goma, la principale ville de la province du Nord Kivu, aux immenses richesses minières.
Le M23 a finalement accepté de se retirer de Goma en contrepartie de négociations avec le régime du président congolais Joseph Kabila.
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