Burkina Faso : l’UPC dénonce une fraude électorale à Ouagadougou
La tension est montée vendredi au Burkina Faso dans l’attente des résultats des élections législatives à Ouagadougou : le parti du premier opposant, Zéphirin Diabré, a crié à la « fraude » dans la capitale où il affrontait le 2 décembre le frère du chef de l’État, François Compaoré.
La Commission électorale nationale indépendante (Céni) n’a annoncé jeudi que des résultats partiels pour les législatives, montrant que les soutiens du président Blaise Compaoré restent en position de force dans le pays. Mais elle n’a pu fournir les résultats pour la province du Kadiogo, celle de Ouagadougou, officiellement en raison de problèmes de compilation des données.
Devenu le premier parti d’opposition, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré est monté au créneau, dénonçant la "fraude".
"La Céni ne peut pas prononcer les résultats du Kadiogo parce qu’il y a trop d’irrégularités", a déclaré à l’AFP Nathanaël Ouédraogo, directeur national de campagne du parti. Il a affirmé que les résultats de certains bureaux de vote étaient introuvables et a annoncé le dépôt de recours auprès du Conseil constitutionnel.
L’ex-ministre Zéphirin Diabré ferraillait dans la capitale avec François Compaoré, frère cadet et conseiller du chef de l’Etat auquel il est soupçonné de vouloir succéder en 2015.
La Céni n’a donné aucun délai pour l’annonce des résultats dans cette province stratégique, où étaient appelés aux urnes plus de 720.000 électeurs, sur environ 4,3 millions au "pays des hommes intègres" (Burkina Faso, en langues locales).
Percée de l’UPC
Le responsable de l’UPC s’est cependant félicité de la "bonne percée" du parti dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest. A peine deux ans après avoir fondé l’UPC, Zéphirin Diabré, ancien ministre des Finances de Blaise Compaoré passé à l’opposition, devient le nouveau chef de file incontesté de l’opposition, avec au moins 15 députés sur 127 dans la nouvelle Assemblée, selon les résultats partiels. Les autres formations d’opposition se partagent seulement six sièges.
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du président Compaoré, au pouvoir depuis le putsch de 1987, conserve la majorité avec 58 sièges. Et grâce à quatre partis alliés, le camp présidentiel garde la majorité absolue, avec un total d’au moins 81 sièges (contre 99 sur 111 députés dans l’Assemblée précédente). Il n’y a donc pas péril en la demeure. Mais l’impression qui domine est celle d’un effritement des soutiens du régime.
"On assiste à un bouleversement, peut-être pas ‘tsunamique’ mais bien significatif, de l’échiquier politique au Burkina Faso", a commenté vendredi le site d’information Fasozine.
"L’ère du ‘Tug-djilli’ (tout prendre, en langue locale mooré, ndlr), c’est-à-dire le raz-de-marée électoral auquel nous avait habitués le CDP, est bel et bien révolue", a-t-il assuré.
"Il y a eu une double érosion du parti au pouvoir et de l’opposition classique au profit de l’UPC", a souligné Germain Nama, patron de l’hebdomadaire L’Evénement, interrogé par l’AFP.
Test électoral
Les législatives – couplées à des municipales dont les résultats seront proclamés plus tard – avaient doublement valeur de test.
Il s’agissait d’abord du dernier grand rendez-vous électoral avant 2015, terme normal du dernier mandat de Blaise Compaoré. Le chef de l’Etat garde le mystère sur ses intentions mais une partie de ses partisans le poussent à modifier la Constitution pour qu’il puisse se représenter. Certains le soupçonnent en revanche de vouloir passer le relais à son frère, devenu cette année le nouvel homme fort du CDP.
Ces élections étaient aussi les premières depuis les mutineries du premier semestre 2011 qui ont failli emporter le régime, sur fond de fortes contestations sociales. Les premiers procès de mutins ont commencé fin novembre.
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