Intervention au Nord-Mali : Bamako presse l’ONU d’agir
Lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU, le 5 décembre, le Mali a demandé qu’une résolution soit rapidement votée pour autoriser le déploiement d’une force africaine sur son territoire.
Les appels à une intervention armée dans le nord du Mali se multiplient. Mercredi 5 décembre, le Mali a interpellé l’ONU pour qu’elle autorise rapidement le déploiement d’une opération militaire sur son sol. Les représentants du Mali en ont fait la demande à l’occasion d’un débat au Conseil de sécurité des Nations unies, alors que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait déjà fait connaître à la fin de novembre sa préférence pour une solution politique.
Le Conseil de sécurité devrait se prononcer sous peu sur une proposition de résolution élaborée par Paris. L’ambassadeur de la France à l’ONU, Gérard Araud, a indiqué aux journalistes que ce projet de texte serait soumis dans les prochains jours et que le volet politique, plaidant pour une réconciliation entre le nord et le sud du Mali, primerait. Mais la résolution, que l’Elysée souhaite voir adoptée avant Noël, comporte également « une approche militaire », a-t-il précisé. Le Conseil de sécurité a par ailleurs déjà été saisi d’un plan d’intervention de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Plus tôt cette semaine, des discussions ont eu lieu pour une première fois à Ouagadougou, entre des représentants du gouvernement malien et des groupes armés. Les envoyés de la rébellion touarègue du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et des islamistes d’Ansar Eddine se sont entendus avec Bamako sur un cadre de dialogue basé sur le respect et le rejet du terrorisme. La médiation était assurée par le président burkinabè, Blaise Compaoré.
"Flagellations, amputations, exécutions"
M. Araud estime que si une telle discussion a enfin pu avoir lieu, c’est en raison de la pression exercée par l’imminence d’une intervention militaire. De son côté, la ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mme Traoré Rokiatou Guikine, a rappelé l’urgence d’une action militaire dans la région lors de la rencontre du conseil, ce mercredi.
« Le quotidien de la population malienne, a-t-elle martelé, s’appelle flagellations, amputations, exécutions sommaires enrôlement d’enfants soldats, viols, lapidations. » Mme Traoré a tenté de rassurer en affirmant que le gouvernement malien ne cherchait pas à marginaliser la minorité touarègue, qui constitue 4% de la population totale du Mali, mais représente 35% de celle du Nord. Selon la ministre, ce n’est pas toute la communauté touarègue qui soutient la rébellion.
Du côté de l’ONU, on continuait toutefois à privilégier la solution diplomatique à l’intervention militaire. Le secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, a assuré qu’il partageait le sentiment d’urgence dans le dossier, tout en soulignant qu’une opération armée ne devrait être lancée qu’en dernier recours.
Dialogue national
M. Feltman, qui faisait allusion au récent rapport de Ban Ki-moon, a soutenu qu’il fallait d’abord instaurer un dialogue national à Bamako, en plus de poursuivre les négociations avec les islamistes du Nord prêts à renoncer au terrorisme. « La réponse internationale doit être multiforme et bien mise au point », a-t-il dit, ajoutant qu’il faudrait aussi miser sur un entraînement de l’armée malienne.
Dans son rapport déposé fin novembre, Ban Ki-moon avertit qu’un recours à la force risquerait de mettre en péril « toute chance d’une solution politique négociée ».
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