Le Burkina Faso vote aux législatives et municipales, un test pour Compaoré

Les élections législatives et municipales ont débuté dimanche matin dans le calme au Burkina Faso, des scrutins à valeur de test un an et demi après des troubles qui ont failli faire tomber le régime de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987.

Des partisans du Congrès pour la démocratie et le progrès, le 30 novembre 2012 à Ouagadougou. © AFP /Ahmed Ouoba

Des partisans du Congrès pour la démocratie et le progrès, le 30 novembre 2012 à Ouagadougou. © AFP /Ahmed Ouoba

Publié le 2 décembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Les élections législatives et municipales ont débuté dimanche matin dans le calme au Burkina Faso, des scrutins à valeur de test un an et demi après des troubles qui ont failli faire tomber le régime de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis 1987. Après l’ouverture des scrutins à 06H00 (locales et GMT), des files de dix à quinze personnes attendaient tranquillement devant des bureaux de vote de quartiers périphériques de Ouagadougou, a constaté un journaliste de l’AFP.

Les troubles de 2011, "je ne souhaite même pas que ça arrive à un ennemi. Ca a peut-être mis le pays en retard d’un ou deux ans. C’est pour ça que je souhaite que le vote se passe dans la paix", a confié à l’AFP Amina Dermé, mère de famille de 53 ans. "Il y a eu plus de peur que de mal" l’an dernier grâce à Blaise Compaoré, a affirmé Adama Bila. Ce retraité élégant en boubou marron a voté pour son "bon président" afin que "le pays continue d’être stable".

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Quelque 4,3 millions de personnes sont attendues aux urnes pour ces élections couplées, qui s’achèveront à 18H00. Les résultats sont attendus d’ici jeudi. Si le puissant Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du chef de l’Etat part grand favori, ces scrutins ont valeur de test, car ce sont les premiers depuis la crise du premier semestre 2011 dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest. Une vague de mutineries, en même temps que de violentes manifestations populaires, avait alors failli emporter le régime de Blaise Compaoré, installé depuis le coup d’Etat militaire de 1987.

Ce sont aussi les dernières élections avant 2015, terme normal du dernier mandat du président. Sa succession hante le "pays des hommes intègres" (Burkina Faso, en langues locales). Certains de ses partisans poussent M. Compaoré à une révision de la Constitution pour lui permettre de se représenter. Mais il est souvent soupçonné de vouloir passer le relais à son frère cadet et conseiller François Compaoré.

Candidat aux législatives dans la capitale, "François" est depuis quelques mois le nouvel homme fort du CDP. Au nom du "renouvellement" au profit des jeunes et des femmes, de nombreux caciques ont été brutalement congédiés des instances du parti, avant d’être privés d’investitures pour ce dimanche.

Trop d’injustices

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Ce que beaucoup considèrent comme une "purge" a suscité de fortes tensions au sein du camp au pouvoir, même si elles se sont peu exprimées publiquement: la politique se fait toujours dans le secret à Ouagadougou. Le CDP détenait 73 sièges – sans compter les 26 de ses alliés – sur les 111 de l’Assemblée nationale précédente (16 sièges de plus sont à pourvoir cette année). Il dirige aussi l’écrasante majorité des 351 communes.

L’opposition part encore une fois en rangs dispersés. Il lui sera donc toujours aussi difficile de troubler le jeu. Mais Mohamed Zongo, chauffeur de 27 ans, a "voté pour le changement". "Ca fait des années que ce sont toujours les mêmes (…). Il y a trop d’injustices dans ce pays", justifie-t-il. Même choix pour Djénéba Badini, jeune cultivatrice: "il n’y a pas de travail", explique-t-elle.

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Après avoir crié constamment à la fraude lors des élections, comme à la présidentielle de 2010, l’opposition peut se féliciter que, suivant ses voeux, l’enregistrement des électeurs ait été réalisé selon un système biométrique, considéré comme une garantie de transparence. Depuis la fin des troubles de l’an dernier, le pouvoir a su reprendre les choses en main, mais le front social s’est réchauffé récemment dans ce pays où près de la moitié des quelque 16 millions d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Dernier mouvement en date: les employés de boulangeries ont observé cette semaine une grève de trois jours, privant "Ouaga" de pain. Tourné dimanche vers ses enjeux intérieurs, le Burkina est aussi très impliqué dans une crise régionale sans précédent. Blaise Compaoré est le médiateur de l’Afrique de l’Ouest au Mali voisin, dont le Nord est contrôlé par des islamistes armés, notamment Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Il pousse à une solution négociée, au moment où se prépare parallèlement une intervention armée africaine.

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