Le cardinal ghanéen Turkson contre la pénalisation de l’homosexualité

Au Ghana, la polémique enfle après que le cardinal Peter Turkson a déclaré que les personnes LGBT ne devaient pas être criminalisées.

Le 27 novembre 2023, sur la BBC, le cardinal Peter Turkson a déclaré que « les personnes LGBT ne peuvent pas être criminalisées parce qu’elles n’ont commis aucun crime ». © GLEZ

Le 27 novembre 2023, sur la BBC, le cardinal Peter Turkson a déclaré que « les personnes LGBT ne peuvent pas être criminalisées parce qu’elles n’ont commis aucun crime ». © GLEZ

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Publié le 1 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Même dans la bouche d’un haut représentant de l’Église catholique, l’assertion semble patente : « les personnes LGBT ne peuvent pas être criminalisées parce qu’elles n’ont commis aucun crime ». C’est au média britannique BBC, dans une interview diffusée le 27 novembre dernier, que le cardinal ghanéen Peter Turkson, respecté et tout nouveau chancelier des Académies pontificales des sciences et des sciences sociales, vient de faire cette déclaration, tout en précisant que, du point de vue de la morale de son Église, les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont « objectivement pécheresses » et le mariage entre ces mêmes individus inenvisageable.

« Qui suis-je moi pour juger ? »

Le péché ne pouvant devenir « crime » que s’il fait une victime, les opinions africaines ont encore tôt fait d’argumenter que la victime des pratiques homosexuelles est… la société. Et ceci quand elles n’amalgament pas carrément profil gay et penchants pédophiles. Les propos de l’éminence ghanéenne rament donc bien à contre-courant.

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En mars dernier, le Parlement ougandais adoptait une loi aggravant la pénalisation des relations homosexuelles. En septembre, des Burkinabè présentés comme des « forces vives » du Faso réclamaient aux membres de l’Assemblée législative de transition (ALT) une loi interdisant et pénalisant l’homosexualité.

L’opinion n’est guère différente dans le Ghana du cardinal Turkson. Le 12 novembre 2021, la conférence des évêques catholiques réitérait d’ailleurs son soutien au projet de loi de « promotion des droits sexuels de l’homme et des valeurs familiales ghanéennes », qui envisageait de criminaliser non seulement la pratique mais aussi la promotion de l’homosexualité. L’épiscopat local qualifiait les « relations charnelles non naturelles » de « contraires non seulement aux valeurs chrétiennes, mais aussi aux valeurs traditionnelles musulmanes et ghanéennes. »

L’appel de Peter Turkson à une nécessaire compréhension de « ce qu’est cette réalité, ce phénomène » homosexuel fait écho à la phrase « qui suis-je moi pour juger ? » du pape François. Mais l’interview du cardinal reste en travers de la gorge de nombreux Ghanéens, du fait de la contextualisation locale qu’il établit. Sacrilège d’un homme de Dieu ? Turkson affirme que « l’homosexualité n’est pas complètement étrangère à la société ghanéenne », en s’appuyant sur l’existence d’une expression qui évoque, en langue akan, « les hommes qui agissent comme des femmes et les femmes qui agissent comme des hommes ».

Les pratiques homosexuelles ne seraient-elles donc pas un vice importé d’Occident ? « Que Dieu ait pitié » de Peter Turkson, s’indignent des internautes.

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