Égypte : manifestations rivales, Morsi reçoit le projet de Constitution
Les partisans du président islamiste Mohamed Morsi ont appelé à des rassemblements de masse samedi pour soutenir sa décision de s’octroyer des pouvoirs exceptionnels, au lendemain d’un immense rassemblement de l’opposition au Caire.
Mis à jour le 01/12/12 à 11H34
Le projet de Constitution égyptienne controversé doit être soumis samedi au président Mohamed Morsi, alors que des manifestations concurrentes sont attendues après la prière musulmane de l’après-midi, ont annoncé les Frères musulmans. Les marches "des forces révolutionnaires islamistes et nationalistes" vont partir de différentes mosquées du Caire et se diriger vers la place Al-Nahda, a fait savoir le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), le bras politique de la confrérie.
La manifestation des islamistes devait initialement être organisée place Tahrir, qui a accueilli vendredi un important rassemblement anti-Morsi, mais le lieu a été modifié pour éviter les affrontements, ont précisé les Frères.
Tôt samedi matin, les opposants au président se sont de nouveau rassemblés sur cette place emblématique de la révolte de 2011 qui avait conduit à la chute de Hosni Moubarak. Des dizaines de milliers d’Egyptiens avaient manifesté vendredi au Caire contre M. Morsi, appelant à la dissolution d’une commission constituante dominée par les islamistes.
Cette commission avait adopté un projet de Constitution qui doit être soumis à référendum dans deux semaines, mais qui est accusé de porter atteinte à la liberté religieuse et d’expression.
L’adoption en toute hâte de ce projet qui était enlisé depuis des mois survient en pleine crise politique provoqué par un décret adopté la semaine dernière, par lequel M. Morsi s’octroie des prérogatives exceptionnelles, en particulier face au pouvoir judiciaire.
Le projet de Constitution remis samedi à Morsi
Le projet de référendum, qui doit remplacer la loi fondamentale suspendue après la chute de Hosni Moubarak début 2011, devait être soumis au président Morsi samedi. Comme dans l’ancienne Constitution, le projet fait des "principes de la charia" la "source principale de la législation", une formulation assez consensuelle en Egypte.
Mais il ajoute une nouvelle disposition selon laquelle les principes de la charia doivent être interprétés selon la doctrine sunnite, une clause critiquée par les Eglises chrétiennes et l’opposition laïque qui y voient une possibilité de renforcer la place de la loi islamique, en particulier dans ses interprétations les plus rigoristes.
Le projet accorde également à l’Etat un rôle de "protection de la moralité" et interdit "l’insulte des personnes humaines" et des "prophètes", des dispositions dont certains redoutent qu’elles n’ouvrent la voie à la censure. Human Rights Watch estime que le projet "protège certains droits mais en sape d’autres" et Amnesty International juge que le texte "ignore les droits des femmes, restreint la liberté d’expression au nom de la protection de la religion, et permet aux militaires de juger des civils".
Des journaux privés ont décidé de ne pas paraître mardi prochain pour dénoncer un manque de garanties pour la liberté de la presse. Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Mme Navi Pillay, a écrit une lettre au président égyptien pour lui demander notamment de "reconsidérer" sa décision d’étendre ses pouvoirs.
M. Morsi a une nouvelle fois promis jeudi que ses pouvoirs renforcés étaient "temporaires" et cesseraient une fois la Constitution adoptée.
Ses partisans estiment que les dernières décisions vont permettre à l’Egypte, qui connaît une difficile transition politique, de se stabiliser et de consolider sa démocratisation.
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