En Guinée-Bissau, l’armée dit contrôler la situation après une nuit de combats
Le commandant de la garde nationale, qui aurait mené l’attaque, serait aux mains de l’armée.
Le calme est revenu à Bissau en milieu de matinée ce 1er décembre avec la capture annoncée par l’armée du commandant de la garde nationale, le colonel Victor Tchongo. Les habitants ont repris leurs habitudes dans les quartiers périphériques, mais l’activité est restée très ralentie dans le centre, parcouru par des patrouilles de militaires en pick-up. La protection a été renforcée autour des bâtiments officiels et aux abords de la présidence, de l’état-major et de la police judiciaire.
L’armée a transmis aux médias une photo présentée comme celle du colonel Tchongo sur un pick-up, les vêtements apparemment ensanglantés. Elle a aussi fait circuler une vidéo censée montrer huit captifs en uniforme de la garde nationale, allongés sur le ventre dans une cour de la caserne où ils s’étaient retranchés. On y voit un certain nombre d’armes automatiques prises par l’armée.
« Le colonel [Victor] Tchongo est entre nos mains. La situation est totalement sous contrôle », a assuré le capitaine Jorgito Biague, un porte-parole de l’état-major militaire. Selon un responsable militaire, le colonel Tchongo s’est rendu.
Souleiman Seidi et Antonio Monteiro sains et saufs
Les éléments de la garde nationale avaient fait irruption le soir du 30 novembre dans les locaux de la police judiciaire pour en extraire le ministre de l’Économie et des Finances, Souleiman Seidi, et le secrétaire d’État au Trésor public, Antonio Monteiro, qui y étaient interrogés, selon des responsables de l’armée et du renseignement. Puis ils se sont mis à l’abri dans un camp du quartier de Santa Luzia, résistant par les armes.
Les deux membres du gouvernement que les éléments de la garde nationale sont soupçonnés d’avoir soustraits à la police ont été récupérés sains et saufs, a ajouté le responsable militaire.
« Mes enfants et moi n’avons pas fermé l’œil à cause des tirs. Les enfants ont peur et se collent à moi chaque fois que les armes crépitent », a déclaré une institutrice jointe par téléphone et taisant son identité pour sa sécurité, alors que les rafales continuaient à retentir. Des habitants ont fui temporairement le sud de la ville pour le nord.
Les deux membres du gouvernement ont été entendus par la police judiciaire sur instruction du procureur général, nommé par le président. La garde nationale, elle, répond essentiellement au ministère de l’Intérieur, dominé par le PAIGC comme les principaux ministères après la victoire de la coalition qu’il menait aux législatives en juin 2023.
Retrait suspect
« Si la garde nationale y va [à la police judiciaire], c’est parce qu’elle est sous l’autorité de l’Intérieur ; si la garde présidentielle intervient, c’est parce qu’elle est sous celle du président, a expliqué un chercheur. C’est ainsi que les choses fonctionnent en Guinée-Bissau, des coalitions se forment entre certains segments des forces de sécurité et des acteurs politiques. »
Les deux membres du gouvernement avaient été convoqués le 30 novembre au matin par la justice, puis placés en garde à vue. Ils ont été interrogés pendant plusieurs heures à propos du retrait de dix millions de dollars des caisses de l’État.
Souleiman Seidi, questionné le lundi 27 novembre sur ce retrait par des députés lors d’une séance à l’Assemblée nationale, avait affirmé qu’il était légal et destiné à soutenir le secteur privé national.
Ce nouveau coup de chaud est survenu alors que le président Embaló, élu en décembre 2019 pour cinq ans, se trouve à Dubaï pour assister à la COP28.
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