Afrique du Sud : malgré les scandales, Jacob Zuma devrait rester au pouvoir

Le président sud-africain, Jacob Zuma, a beau être impopulaire et mis en cause dans de nombreux scandales, il devrait parvenir à se succéder à lui-même à la tête du Conseil national africain (ANC) lors du prochain congrès du parti dominant, en décembre.

Le président sud-africain Jacob Zuma, le 30 octobre 2012 à Pretoria. © AFP

Le président sud-africain Jacob Zuma, le 30 octobre 2012 à Pretoria. © AFP

Publié le 25 novembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Compte tenu de la puissance du mouvement qui a remporté plus de 60% à toutes les élections nationales depuis la fin de l’apartheid en 1994, celui qui contrôlera le parti sera à peu près certain d’être le prochain président sud-africain après les élections de 2014. A défaut, il pourra le désigner. Mais le congrès de l’ANC, du 16 au 20 décembre à Mangaung (Bloemfontein, centre), survient dans une période particulièrement troublée de l’Afrique du Sud post-apartheid, sur fond d’agitation sociale pour réclamer des salaires décents dans les mines et les campagnes, de dégradations de la note du pays, de chute de la monnaie et de chômage alarmant. Et Jacob Zuma n’a cessé d’être critiqué pour sa gestion des événements.

Parmi les derniers éléments à charge, sa police a fait 34 morts lorsqu’elle a tiré sur des grévistes le 16 août à la mine de platine de Marikana (nord), et il est accusé d’avoir fait luxueusement agrandir sa résidence de Nkandla (est) aux frais du contribuable. Une coalition hétéroclite surnommée "N’importe qui sauf Zuma", qui comprend notamment l’ancien patron des jeunes du parti –exclu en avril– Julius Malema, est partie en campagne pour obtenir sa tête, et placer à sa place le vice-président Kgalema Motlanthe. "A ce stade, il semble probable que Zuma aura suffisamment de voix pour rester à son poste", estime le journaliste Adriaan Basson, auteur d’un livre sur le président.

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Malgré les scandales et le procès pour incompétence, "pour des raisons de continuité, il semble que l’ANC gardera Zuma pour encore cinq ans, terni ou pas", estime-t-il Tom Cargill, spécialiste de l’Afrique au think-tank britannique Chatham House croit également que Jacob Zuma sera réélu, "et par une plus grande marge que beaucoup ne l’imaginent". Car le président peut compter sur les voix des délégués des bastions peuplés de l’ANC et du soutien de la centrale syndicale Cosatu, alliée au parti dominant. Alors que les cellules du parti achèvent de nommer les 4.500 délégués qui iront à Mangaung, il bénéficie de soutiens "inattaquables" dans sa province natale du KwaZulu-Natal (est), mais aussi dans l’Etat libre (centre), le Mpumalanga (nord-est) et le Cap oriental (sud-est), selon la politologue Karima Brown. Les scandales pourront bien nuire à l’ANC dans la perspective des prochaines élections de 2014, mais "ils ne devraient pas influencer la majorité des membres" au congrès de décembre, estime-t-elle. En outre, les scandales alimentent dans le parti l’idée qu’il est une "victime, qu’il y a une conspiration et une campagne de dénigrement contre lui", selon l’analyste.

Les jeux ne sont pas faits

Jacob Zuma a la "détermination et la personnalité pour mener une campagne agressive", tandis que Kgalema Motlanthe "est beaucoup plus timide et effacé, de même qu’on ignore sa position sur de nombreux problèmes", estiment les analystes de la banque japonaise Nomura, qui voient le premier l’emporter sur le second avec 54% des voix.

Pourtant, certains considèrent que les jeux ne sont pas faits. "Du moment que le vote est secret, beaucoup de choses peuvent encore changer", estime Fiona Forde, auteur d’une biographie de Julius Malema et spécialiste de l’ANC. "Les choses sont très tendues et les gens ne prennent pas des décisions aussi facilement. Ce sera une élection très serrée."

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La réélection de Jacob Zuma ne sera selon Nomura pas une bonne nouvelle pour la plus puissante économie d’Afrique. "Le statu quo entraînerait l’érosion de la compétitivité et affecterait le potentiel de croissance, ce qui conduirait à de nouvelles dégradations" de la note du pays, estime la banque. Mais elle ne voit pas d’un meilleur oeil une arrivée au pouvoir de Kgalema Motlanthe, dont les soutiens sont jugés trop hétéroclites.

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