Égypte : la plus haute autorité judiciaire dénonce la décision de Mohamed Morsi

La plus haute autorité judiciaire d’Egypte a dénoncé samedi les nouvelles prérogatives du président islamiste Mohamed Morsi et les juges de la deuxième ville du pays ont annoncé une grève, accentuant le bras de fer avec le pouvoir exécutif.

Morsi, Va-t’en , est-il écrit en arabe sur la chaussée, place Tahrir au Caire. © AFP

Morsi, Va-t’en , est-il écrit en arabe sur la chaussée, place Tahrir au Caire. © AFP

Publié le 24 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

Sur la place Tahrir, haut lieu de la contestation contre le régime de Hosni Moubarak début 2011, des manifestants hostiles à M. Morsi continuaient samedi un sit-in entamé vendredi soir, et ce malgré des tirs de gaz lacrymogène des forces de sécurité dans la matinée. Le Conseil suprême de la justice, réuni en urgence, a qualifié la "déclaration constitutionnelle" annoncée jeudi d’"attaque sans précédent contre l’indépendance du pouvoir judiciaire et ses jugements" et exigé que "tout ce qui touche à la justice" en soit exclu.

Et le Club des juges d’Alexandrie a annoncé une grève ouverte pour dénoncer les nouvelles prérogatives du président, dont il n’est désormais plus possible de contester les décisions devant la justice. "Le Club des juges d’Alexandrie annonce la suspension du travail dans tous les tribunaux et les bureaux du procureur dans les provinces d’Alexandrie et Beheira (…) jusqu’à la fin de la crise causée par cette déclaration", a annoncé Mohammed Ezzat al-Agwa, président du Club dans un communiqué.

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M. Morsi avait également décidé jeudi de limoger le puissant procureur général, Abdel Meguid Mahmoud. Il a expliqué que le renforcement de ses pouvoirs permettrait d’accélérer les réformes démocratiques. Ces nouvelles dispositions sont censées durer jusqu’à l’adoption d’une nouvelle Constitution, un processus aujourd’hui enlisé et qui pourrait prendre plusieurs mois.

"Nouvelle révolution"

"L’Egypte entre dans une nouvelle révolution car notre intention n’était pas de remplacer un dictateur par un autre", a déclaré samedi matin place Tahrir un manifestant, Mohammed al-Gamal, en allusion à la révolte populaire qui avait renversé Hosni Moubarak en février 2011. La veille, des milliers de personnes s’étaient rassemblées sur cette place à l’appel de personnalités ou de mouvements laïques et libéraux en criant "Morsi dictateur", et dans d’autres villes du pays, des manifestants avaient incendié des locaux du parti politique issu des Frères musulmans.

Devant le palais présidentiel en revanche, une autre manifestation avait rassemblé des milliers d’islamistes aux cris de "Morsi on t’aime". Dans un long discours à la foule, le président a promis que le pays continuerait sur la voie de "la liberté et la démocratie". Le Courant populaire, dirigé par le nationaliste de gauche Hamdeen Sabbahi, troisième de la présidentielle de juin, a appelé à une manifestation de masse mardi pour obtenir que M. Morsi revienne sur ses décisions. D’autres ténors de l’opposition, comme l’ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa et l’ancien chef de l’agence nucléaire de l’ONU Mohamed ElBaradei ont dénoncé les mesures prises par M. Morsi, qualifié de "nouveau pharaon".

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A l’étranger, Américains et Européens ont exprimé leur inquiétude de voir ces mesures entraver la démocratisation du pays le plus peuplé du monde arabe. Washington a rappelé que "l’une des aspirations de la révolution (de 2011) était de s’assurer que le pouvoir ne serait pas trop concentré entre les mains d’une seule personne ou d’une institution". L’Union européenne a appelé M. Morsi à respecter "le processus démocratique" et Paris a estimé que les décisions prises n’allaient pas "dans la bonne direction".

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