À la COP28, les engagements pleuvent avant de dures négociations sur les énergies fossiles
Alors qu’un projet d’accord final doit être adopté par consensus d’ici le 12 décembre, une première version a été débattue jusque tard vendredi soir. Mais elle a immédiatement été marquée par un bras de fer sur les énergies fossiles.
Contre le charbon et le méthane, et pour le nucléaire et les renouvelables : les pays réunis à la COP28 à Dubaï ont mis les projecteurs samedi 2 décembre sur le monde énergétique de demain, parallèlement à de laborieuses négociations sur les moyens de parvenir à un monde sans énergies fossiles d’ici quelques décennies.
Tripler les renouvelables
C’est l’objectif qui a le vent en poupe : plus de la majorité des nations, au moins 118, veulent tripler les capacités d’énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectricité, biomasse…) et doubler l’efficacité énergétique d’ici 2030.
L’annonce, préparée depuis des mois et déjà soutenue par les pays du G20, est un « message très fort » aux marchés, a dit sur place la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Cet engagement, non-contraignant à ce stade, finira-t-il dans une décision de la COP, qui s’imposerait à tous les signataires de l’accord de Paris ? Pour l’instant, la Chine, l’Arabie Saoudite, l’Iran et la Russie manquent à l’appel, tout comme l’Inde.
Sortir des fossiles ?
En parallèle, les milliers de négociateurs de près de 200 pays enchaînent les réunions dans des dizaines de salles ou dans les cafés en plein air de l’Expo City 2020, l’immense site qui accueille l’événement depuis le 30 novembre à quelques kilomètres des gratte-ciel rutilants de Dubaï.
Les plus en vue de ces délégués sont ceux qui tentent d’avancer sur l’enjeu primordial : le projet d’accord final qui doit être adopté par consensus d’ici le 12 décembre. Une première version a été débattue jusque tard vendredi soir, immédiatement marquée, selon un négociateur, par un bras de fer sur la sortie ou la réduction des énergies fossiles : pétrole, gaz et charbon.
« Chacun est resté sur ses positions traditionnelles », a déclaré cette source à l’AFP, l’Arabie saoudite plaidant pour le déploiement massif des techniques de captage de carbone tandis que l’Union européenne défendait la sortie des fossiles.
Mais l’annonce la plus importante de la journée, selon les experts du think-tank E3G, fut l’engagement des États-Unis et de six autres pays à fermer leurs centrales au charbon sans captage de C02, la façon « la plus sale » de générer de l’électricité, a rappelé l’expert Leo Roberts.
L’enjeu du méthane
Après le dioxyde de carbone (CO2), le méthane est le deuxième gaz à effet de serre ayant le plus contribué au réchauffement, à hauteur de 30%. C’est le gaz naturel qui s’échappe des gazoducs, des mines de charbon et de nos gazinières… Mais aussi des estomacs des vaches ou de la décomposition de la paille dans les rizières.
Après des années d’inaction, les États et les entreprises commencent à adopter des plans de réduction, souvent à l’horizon 2030. « Pour baisser la température, il faut simplement baisser le méthane », a lancé samedi à la tribune la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, influente dans les COP. La nouveauté est que la Chine et les États-Unis collaborent enfin sur le sujet.
Réduire le méthane est régulièrement décrit comme relativement facile et tout de suite très efficace contre le réchauffement. Pour les compagnies, il suffirait de mettre fin au torchage du gaz. Un engagement qui fait partie d’une charte signée samedi par 50 compagnies pétrogazières.
Tripler le nucléaire
La journée de samedi a été lancée par l’appel d’une vingtaine de pays à tripler les capacités de l’énergie nucléaire dans le monde d’ici 2050 par rapport à 2020. L’annonce illustre le spectaculaire regain d’intérêt pour l’atome, source d’électricité quasiment sans carbone, mais qui a souffert après l’accident de Fukushima en 2011. « Aucune stratégie crédible, ni nationalement ni mondialement, ne permet de sortir du charbon et des fossiles en reposant uniquement sur le renouvelable », a martelé le président français Emmanuel Macron sur place.
Outre les États-Unis et le Canada, la vingtaine de signataires inclut les pays européens pro-nucléaires, selon une liste publiée par les États-Unis, ainsi que la Corée du Sud, le Ghana, les Émirats qui ont construit leurs premiers réacteurs, et le Japon, qui relance ses centrales.
Mais la Chine et la Russie, premiers constructeurs dans le monde mais rivaux des Occidentaux, n’ont pas signé. Là encore, l’appel n’est en aucun cas contraignant dans le cadre de l’ONU, mais sert à donner des signaux de coopération et à établir des rapports de force dans les négociations.
(Avec AFP)
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