Au Nigeria, 85 civils tués par un drone de l’armée

Un tir de drone de l’armée nigériane a fait des dizaines de victimes parmi des civils lors d’une fête religieuse dans un village du nord-ouest du pays, ont annoncé lundi 4 décembre les autorités locales.

Un soldat nigérian, muni d’un lance-grenades, monte la garde près de la rivière Yobe, qui sépare le Nigeria du Niger, à la périphérie de la ville de Damasak, dans le nord-est du Nigeria (illustration). © FLORIAN PLAUCHEUR/AFP

Un soldat nigérian, muni d’un lance-grenades, monte la garde près de la rivière Yobe, qui sépare le Nigeria du Niger, à la périphérie de la ville de Damasak, dans le nord-est du Nigeria (illustration). © FLORIAN PLAUCHEUR/AFP

Publié le 5 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Au Nigeria, l’armée a souvent recours aux bombardements aériens pour combattre les groupes de rebelles jihadistes actifs dans le Nord-Est et le Nord-Ouest. Pour le moment, le bilan du bombardement mené dans l’État de Kaduna serait de 85 personnes, selon un villageois, Idris Dahiru. D’après lui, plus de soixante blessés ont été hospitalisés.

Des fidèles tués par erreur

« J’étais dans une maison quand la première bombe est tombée. Nous nous sommes précipités pour secourir les victimes et une deuxième bombe est tombée, a-t-il ajouté. Ma tante, la femme de mon frère et ses six enfants, les femmes de mes quatre frères sont morts. Dans la famille de mon frère aîné, ils sont tous morts, à part un bébé. »

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Pour sa part, le gouverneur de l’État de Kaduna, Uba Sani, a déclaré : « Des fidèles musulmans qui célébraient le Mawlid [la fête de la naissance du prophète Mahomet, NDLR] ont été tués par erreur et de nombreux autres blessés à la suite d’une attaque de drone militaire visant des terroristes et des bandits. »

« La majorité des victimes étaient des femmes et des enfants », a indiqué un habitant, Hassan Ma’aruf. « La fête de Mawlid se déroulait dans le village lorsque le rassemblement a été bombardé, vers 21 heures. Personne ne s’attendait à une telle tragédie », a précisé Hassan Ma’aruf.

Une mission de routine

Des dizaines de blessés ont été transportés dans un hôpital à Kaduna, a indiqué dans un communiqué Samuel Aruwan, commissaire à la sécurité de l’État, en confirmant que plusieurs autres personnes avaient été tuées. Selon lui, l’armée a déclaré avoir « touché par inadvertance des membres de la communauté », alors qu’elle effectuait une mission de routine contre des rebelles. Par le passé déjà, des civils ont été victimes de bombardements de l’armée nigériane.

En septembre 2021, au moins vingt pêcheurs avaient été tués et plusieurs autres blessés, également par erreur, lors d’un bombardement militaire visant des jihadistes dans la région de Kwatar Daban Masara, sur le lac Tchad. En juillet 2019, treize civils avaient été tués par une frappe aérienne dans le village de Gajiganna, à 50 km de Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, dans le nord-est du pays, alors qu’il visait des jihadistes en fuite après l’attaque d’une base voisine.

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40 000 victimes

Deux ans avant, en janvier 2017, au moins 112 personnes avaient perdu la vie lorsqu’un avion de chasse avait frappé un camp abritant 40 000 déplacés fuyant les violences des jihadistes dans la ville de Rann, près de la frontière avec le Cameroun. Dans un rapport publié six mois plus tard, l’armée nigériane avait indiqué que le bombardement était dû à « l’absence de marquage approprié de la zone ».

Le président nigérian, Bola Tinubu, a fait de la lutte contre l’insécurité l’une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir en mai dernier. Les gangs et groupes de bandits terrorisent depuis plusieurs années certaines zones du nord-ouest du Nigeria, menant des raids dans les villages pour kidnapper les habitants en échange d’une rançon. Ils opèrent à partir de bases situées dans des forêts qui chevauchent les États du Nord-Ouest.

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De leur côté, les jihadistes de Boko Haram poursuivent leur guerre dans le Nord-Ouest également. Au total, le conflit a fait plus de 40 000 victimes et poussé 2 millions de personnes sur les routes depuis 2009.

(Avec AFP)

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