Mali : à Ouagadougou et Alger, les islamistes d’Ansar Eddine sous pression

Ansar Eddine, l’un des groupes islamistes armés contrôlant le nord du Mali, était dimanche sous pression de la médiation burkinabè et de l’Algérie, qui poussent à une rupture avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), en pleine préparation d’une intervention armée africaine.

Des combattants du groupe islamiste Ansar Eddine. © AFP

Des combattants du groupe islamiste Ansar Eddine. © AFP

Publié le 4 novembre 2012 Lecture : 2 minutes.

L’heure du choix approche pour le groupe du charismatique Iyad Ag Ghaly, surtout composé de Touareg maliens comme lui et devenu depuis sept mois l’une des forces occupant le Nord malien, avec ses alliés jihadistes Aqmi et Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest). Une délégation du groupe arrivée vendredi à Ouagadougou et conduite par Algabass Ag Intalla doit s’entretenir "aujourd’hui (dimanche) à 18h00" (locales et GMT) avec Djibrill Bassolé, le chef de la diplomatie du président burkinabè Blaise Compaoré, a indiqué à l’AFP M. Intalla.

Le représentant islamiste a ajouté avoir rencontré samedi soir le ministre malien des Affaires étrangères Tiéman Coulibaly, présent sur place, mais sans vouloir dire s’il s’agissait de discussions préliminaires. M. Coulibaly doit repartir à Bamako en début d’après-midi. Médiateur dans la crise malienne au nom de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), M. Compaoré recevra ultérieurement les islamistes, qui comme Aqmi et le Mujao appliquent dans leurs zones la charia (loi islamique) dans sa version la plus rigoriste.

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Samedi, M. Bassolé a rappelé "les exigences de la Cédéao": Ansar Dine (Défenseur de l’islam) doit se démarquer "de la terreur et du crime organisé", c’est-à-dire rompre avec Aqmi et le Mujao, et rentrer dans le "processus de dialogue politique" destiné à rétablir l’unité du Mali. Sans accéder dans l’immédiat à cette demande, le groupe radical a envoyé un premier signal. "Ansar Dine est indépendant de tout autre groupe", a déclaré à l’AFP Algabass Ag Intalla, affirmant que son mouvement "est prêt à négocier pour qu’il y ait la paix".

Algérie en première ligne

Pays incontournable pour une solution à cette crise qui fait craindre à toute la région l’enracinement d’un foyer de "terroristes" dans le nord du Mali, l’Algérie exerce les mêmes pressions sur Ansar Dine. Le groupe d’Iyad Ag Ghaly négocie aussi à Alger un lâchage d’Aqmi, rapporte dimanche le quotidien algérien francophone El-Watan, citant "une source proche du dossier" et confirmant la présence sur place d’une autre délégation d’Ansar Dine, alors que les autorités algériennes gardent le silence.

"Les pourparlers se sont intensifiés et il n’est pas exclu que cela débouche rapidement sur une prise de distance publique par rapport à Aqmi et au Mujao", selon la source non identifiée par le quotidien algérien. Comme le Burkina Faso, l’Algérie a toujours marqué sa forte préférence pour une solution négociée passant notamment par une inclusion d’Ansar Dine, sans écarter en dernier ressort une intervention militaire.

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Parallèlement, l’option militaire se précise: des experts internationaux doivent achever dimanche à Bamako leurs travaux sur le "concept d’opération" d’une intervention militaire dans le nord du Mali. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté le 12 octobre une résolution préparant le déploiement d’une force de quelque 3.000 hommes au Mali, qui serait soutenue sur le plan logistique par la France et les Etats-Unis, et a donné jusqu’au 26 novembre à la Cédéao pour préciser ses plans.

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