Rwanda : la FIDH dénonce des « irrégularités » dans le procès Ingabire
La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a dénoncé des « irrégularités » dans le procès de l’opposante rwandaise Victoire Ingabire, condamnée mardi à huit ans de prison pour conspiration terroriste et négation du génocide, dans un communiqué reçu samedi.
"La FIDH dénonce les nombreuses irrégularités qui ont entaché le caractère équitable du procès," a-t-elle déclaré dans le communiqué. La FIDH regrette "les déclarations intempestives" de membres du gouvernement rwandais "laissant croire à la culpabilité de Mme Ingabire, alors même que le procès était en cours." Ces déclarations ont nui "au bon fonctionnement de la justice et nous amènent à émettre des doutes quant à la non-ingérence politique dans les affaires judiciaires", a estimé Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, citée dans le communiqué. "Les autorités rwandaises doivent respecter la séparation des pouvoirs et garantir l’indépendance de la justice," a-t-elle poursuivi.
La FIDH déplore également que la justice rwandaise n’ait pas pris en compte les accusations formulées par Mme Ingabire elle-même. L’accusée boycottait son procès depuis avril pour protester contre des "actes d’intimidation et des pratiques d’interrogatoires illégales qu’auraient subi certains de ses co-accusés (…) et contre la décision du tribunal d’écourter l’audition d’un témoin à décharge accusant les autorités rwandaises d’avoir fabriqué des preuves contre elle," rappelle la FIDH.
"Idéologie génocidaire"
Présidente des Forces démocratiques unifiées (FDU), parti d’opposition non reconnu par Kigali, Mme Ingabire, à l’étranger lors du déclenchement du génocide de 1994, est rentrée au Rwanda début 2010 et a tenté en vain de se présenter à la présidentielle, remportée par le sortant Paul Kagame, avec 93% des voix.
Elle a été arrêtée en octobre de la même année, accusée d’avoir tenté de mettre sur pied un groupe armé pour renverser le régime rwandais et d’avoir tenu des propos niant le génocide de 1994 et propageant "l’idéologie génocidaire". Amnesty International et Human Rights Watch ont aussi dénoncé cette semaine un procès "inique" et "vicié".
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