Gaza dans l’attente d’un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » mis au vote à l’ONU
À l’heure où l’armée israélienne poursuit son avancée dans le sud du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, une résolution doit être votée au conseil de sécurité des Nations unies afin d’assurer la sécurité des civils et de permettre leur prise en charge médicale.
Après une première phase de son offensive terrestre contre le Hamas concentrée dans le nord de Gaza, l’armée israélienne a étendu cette semaine ses opérations jusque dans le Sud, où sont réfugiés près de deux millions de civils désormais pris au piège, acculés dans un territoire de plus en plus exigu.
Sur place, les soldats israéliens, appuyés par des frappes aériennes, ont affronté le 7 décembre les combattants du Hamas à Khan Younès, la plus grande ville du sud devenue l’épicentre de la guerre, ainsi que dans le nord, dans la ville de Gaza et le secteur voisin de Jabaliya.
Le bilan à Gaza s’est encore alourdi le 7 décembre pour atteindre 17 177 morts, à 70 % des femmes et des moins de 18 ans, tués par les bombardements israéliens, selon le ministère de la Santé du Hamas. Tôt le lendemain, le ministère a fait état de 40 morts dans des frappes près de Gaza-ville, et de « dizaines » d’autres dans à Jabaliya (nord) et Khan Younès (sud).
Avertissement des États-Unis
Les États-Unis soutiennent fermement Israël depuis l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas, au cours de laquelle 1 200 personnes ont été tuées selon les autorités israéliennes, mais Washington s’inquiète de plus en plus du bilan des civils à Gaza. Au total, 91 soldats israéliens ont été tués dans les combats à Gaza, y compris le 7 décembre le fils de Gadi Eisenkot, ancien chef de l’état-major de l’armée et membre du Cabinet de guerre de Benyamin Netanyahou, selon une dernière mise à jour de l’armée.
Dans un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien, le président américain Joe Biden « a insisté sur la nécessité absolue de protéger les civils et de séparer la population civile du Hamas », selon la Maison blanche. Lors d’une conférence de presse le 7 décembre, le secrétaire d’État américain, Anthony Blinken, a déploré qu’« il demeure reste un écart entre […] l’intention de protéger les civils et les résultats réels que nous observons sur le terrain ».
Au cours de cette même soirée, les chaînes de télévision israéliennes ont diffusé des vidéos montrant des dizaines de Palestiniens en sous-vêtements, les yeux bandés, sous la garde de soldats israéliens dans la bande de Gaza, provoquant une vive polémique sur les réseaux sociaux. L’armée israélienne a dit « enquêter » pour « vérifier qui est lié au Hamas et qui ne l’est pas ».
« Effondrement humanitaire »
Des milliers de personnes tentent de fuir Khan Younès en proie aux combats pour se diriger vers Rafah, à la frontière égyptienne, seul endroit où de l’aide humanitaire est encore distribuée, en quantité limitée. Le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a évoqué un système de santé « à genoux » dans la bande de Gaza, où la plupart des hôpitaux du Nord ne fonctionnent plus tandis que ceux du Sud, submergés par l’afflux de milliers de blessés, sont au bord de l’effondrement.
Israël a imposé depuis le 9 octobre un siège total à la bande de Gaza, mais a cependant autorisé cette semaine la livraison d’un « supplément minimal » de carburant pour éviter un « effondrement humanitaire » et des épidémies, deux jours après un appel en ce sens des États-Unis.
Face à une « situation catastrophique dans la bande de Gaza », le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer ce 8 décembre sur un appel à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » selon la dernière version du texte. Depuis le début de la guerre, le Conseil a réussi à adopter une résolution qui appelait à des « pauses et couloirs humanitaires » à Gaza, mais pas à un « cessez-le-feu », auquel les États-Unis s’opposent à ce stade.
Netanyahou met en garde le Hezbollah
L’agence Wafa a fait état d’opérations nocturnes en Cisjordanie occupée, notamment dans le centre de Ramallah, ville où siège l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas. La guerre a aussi ravivé les tensions à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, allié du Hamas.
Dans la nuit, l’armée israélienne a fait état de deux soldats blessés légèrement par un tir de missile anti-tanks et annoncé mener des frappes aériennes contre des sites du Hezbollah. Benyamin Netanyahou a lancé un nouvel avertissement au mouvement chiite libanais : « Si le Hezbollah choisit de déclencher une guerre totale, il transformera par sa faute Beyrouth et le sud du Liban, non loin d’ici, en Gaza et Khan Younès. »
(avec AFP)
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