L’Algérie rend hommage à Chadli Bendjedid, « père » du multipartisme
Dimanche 7 octobre un hommage solennel a été rendu à l’ancien président algérien Chadli Bendjedid, considéré comme le « père » du multipartisme dans le pays, et décédé samedi plus de 20 ans après avoir quitté le pouvoir.
"L’Algérie perd en lui un moujahid (combattant) de la première heure dont le souci majeur était d’affranchir le pays des affres du colonialisme et libérer son peuple de ses injustices, endurant les épreuves jusqu’à l’indépendance du pays et le recouvrement de sa souveraineté", a déclaré le président Abdelaziz Bouteflika dans un message de condoléances.
Chadli Bendjedid, président de 1979 à 1992, est décédé à l’âge de 83 ans des suites d’un cancer. Un deuil de huit jours a été décrété. Sa dépouille devait être exposée à partir de 13h00 GMT au Palais du Peuple, une résidence officielle à Alger, pour permettre aux corps constitués et à la population de se recueillir, selon la présidence.
Sa dépouille a été exposée dans l’après-midi au Palais du Peuple, une résidence officielle à Alger, pour permettre aux corps constitués et à la population de se recueillir, selon la présidence.
Recueillement
Le président Abdelaziz Bouteflika a été le premier d’une série de personnalités et de militaires à se recueillir devant le cercueil recouvert du drapeau algérien, selon des images de la télévision publique qui a retransmis la cérémonie en direct. Le chef de l’Etat a accompagné la dépouille de Chadli Bendjedid jusqu’au Palais du Peuple, une ancienne résidence -d’architecture ottomane- des gouverneurs d’Alger.
Le Premier ministre Abdelmalek Sellal, de hauts responsables civils et militaires et des chefs de partis politiques se sont également recueillis devant la dépouille de l’ancien chef d’Etat, artisan de la démocratisation des institutions en Algérie.
La population pourra aussi rendre un dernier hommage à l’ancien président en fin de journée. Ses funérailles officielles sont prévues lundi après-midi au carré des martyrs du cimetière d’El Alia, où sont enterrés ses prédécesseurs Houari Boumediene (1965-1978), le premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella (1962-1965), décédé en avril 2012, et son successeur Mohamed Boudiaf, assassiné en juin 1992.
"L’homme des réformes"
La presse algérienne a salué unanimement le rôle majeur du défunt qui a mis fin en 1989 à 26 ans de règne de l’ancien parti unique du Front de libération nationale (FLN).
"L’Algérie dit adieu à l’homme des réformes", écrit en Une le quotidien arabophone El Khabar tandis que le journal francophone L’Expression salue "le pionnier des réformes".
Chadli Bendjedid, décédé 24 ans presque jour pour jour après les émeutes du 5 octobre 1988 qui ont au conduit au multipartisme, a été élu une première fois en février 1979 après le décès de Houari Boumediene.
Il fait libérer rapidement M. Ben Bella, renversé en 1965 par un coup d’Etat mené par Houari Boumediene, et autorise le retour d’opposants exilés notamment l’opposant historique Hocine Aït Ahmed, fondateur en 1963 du Front des forces socialistes (FFS).
Réélu en 1984, Bendjedid est confronté quatre ans plus tard à une révolte populaire contre la vie chère et en faveur de la démocratie qui a fait près de 500 morts. Les émeutes ont entraîné l’effondrement du système du parti unique du FLN.
Il est réélu pour un troisième mandat en décembre 1988 et fait adopter par référendum une Constitution pluraliste en février 1989, qui a permis la création de plusieurs formations politiques dont le Front islamique du salut (ex-FIS, dissous) qui militait pour la création d’un Etat islamique.
Guerre civile
La victoire de l’ex-FIS au premier tour des premières élections législatives de décembre 1991 pousse l’armée à interrompre le processus électoral et le président Chadli Bendjedid à la démission le 11 janvier 1992.
"Tout le monde pensait que Chadli Bendjedid a été débarqué par les militaires. Je l’ai rencontré deux mois après sa démission, il m’a confié qu’il avait démissionné de son propre chef", a déclaré dimanche à la radio l’ancien président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme, le célèbre avocat Miloud Brahimi.
L’annulation du second tour du scrutin que l’ex-FIS était en passe de remporter a plongé le pays dans une guerre civile qui a fait près de 200 000 morts, selon des sources officielles.
Chadli Bendjedid vient de publier ses mémoires aux éditions Casbah. Son livre doit sortir le 1er novembre, date anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale en 1954.
L’ancienne puissance coloniale, la France, a salué "la mémoire de celui qui a dirigé, pendant treize années la République algérienne démocratique et populaire et qui, à ce titre, a instauré le multipartisme dans son pays".
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...