Troubles dans l’est de la RDC : un nouveau sommet s’ouvre à Kampala
Des dirigeants de la région des Grands Lacs se retrouvent lundi à Kampala pour un nouveau sommet destiné à mettre fin aux troubles dans l’est de la République démocratique du Congo où un projet d’envoi de force neutre à la frontière avec le Rwanda peine à se concrétiser.
La rencontre de Kampala, dont l’hôte est le président ougandais Yoweri Museveni, est la quatrième organisée en trois mois par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs qui regroupe onze pays.
La crise a fait monter la tension entre la RDC et le Rwanda, Kinshasa accusant Kigali de soutenir la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) qui connaît un regain d’activité depuis mai dans le Nord Kivu, à la frontière entre les deux pays.
Les présidents congolais Joseph Kabila et rwandais Paul Kagame doivent participer au sommet de Kampala, bien que leur dernière rencontre en date, fin septembre en marge de l’assemblée générale de l’ONU, à New York, n’ait produit aucun résultat concret.
"Les présidents du Rwanda et de la RDC sont attendus parce que la rencontre porte sur la situation dans l’est de la RDC", a dit le ministre ougandais des Affaires étrangères Henry Okello-Oryem.
Force neutre
Le président tanzanien Jakaya Kikwete devrait aussi être présent car son pays pourrait fournir des soldats à la force neutre dont le déploiement est prévu dans la zone, a ajouté M. Okello-Oryem.
Le M23 est formé d’anciens rebelles tutsi, l’ethnie au pouvoir au Rwanda depuis le génocide perpétré par des hutus en 1994, qui avaient été intégrés dans l’armée congolaise en 2009 mais ont repris les armes contre les forces gouvernementales au printemps. La RDC et l’ONU accusent Kigali de soutenir militairement la rébellion, ce que le Rwanda dément.
Le précédent sommet des pays des Grands Lacs, qui s’était tenu le 9 septembre à Kampala, avait précisé le concept de force neutre dont le principe de l’envoi dans l’est de la RDC avait été décidé lors des rencontres régionales précédentes.
Il a prévu que la force internationale serait déployée "sous un mandat de l’UA et des Nations unies" dans les trois mois, c’est à dire avant la fin de l’année. "Cette force neutre internationale doit éradiquer toutes les forces négatives opérant dans l’est de la RDC", selon la Conférence des Grands Lacs. Mais les précédentes discussions n’ont pas permis de faire avancer concrètement la question de son déploiement.
Pessimisme
"Qui participerait, qui ferait quoi, qui payerait ? Il faut travailler le concept car le Conseil de sécurité de l’ONU réclamera des éléments très précis" avant d’adopter une résolution sur une nouvelle force en RDC, a reconnu le mois dernier Hervé Ladsous, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de maintien de la paix.
L’ONU déploie déjà en RDC sa plus importante mission dans le monde avec 19 000 personnels en uniforme mais Kigali ne cache pas sa défiance à son égard.
Pour compliquer le tout, le Kivu est le théâtre depuis une vingtaine d’années de troubles dus à des groupes armés qui s’en prennent aux civils et se livrent à des trafics de ressources naturelles dont regorge la région.
Les analystes se disent pessimistes sur l’issue du nouveau sommet de Kampala. "Malheureusement, (la Conférence des Grands Lacs) semble promouvoir une solution irréaliste et inefficace en défendant le déploiement d’une force neutre de 4 000 hommes à la frontière entre le Rwanda et la RDC", estimait l’International Crisis Group dans un rapport publié la semaine dernière.
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