Afrique du sud : les mineurs d’Amplats protestent contre le licenciement massif
Des centaines de mineurs sud-africains du site de Rustenburg (nord) d’Amplats, numéro un mondial du platine, ont tenu samedi un rassemblement pacifique pour protester contre le licenciement massif de 12 000 personnes, mais brandi la menace d’un recours à la violence.
Mis à jour le 07/10/12 à 11h00.
"C’est le début de la guerre", a ainsi lancé l’un des responsables syndicaux des mineurs, Gaddhafi Mdoda. Regroupés dans un stade de Rustenburg, les mineurs ont été encouragés par leurs leaders à rejeter le licenciement prononcé par Anglo American Platinum (Amplats) et continuer les protestations jusqu’à l’obtention d’une augmentation salariale.
"Si Anglo American n’est pas prêt à négocier, ils doivent faire leurs bagages et partir", a déclaré M. Mdoda à l’AFP. Les mineurs s’étaient rendus au stade sous escorte policière, scandant des slogans, tandis qu’un hélicoptère survolait la zone.
Les mineurs ont également observé une minute de silence à la mémoire d’un de leurs collègues, tué jeudi dans des affrontements avec la police.
Amplats, filiale d’Anglo American qui emploie 28.000 personnes à Rustenburg et y produit près d’un quart du platine mondial, a mis vendredi à exécution sa menace de licencier tous les mineurs en grève sauvage, depuis le 12 septembre, qui refuseraient de comparaître devant un conseil de discipline.
Plusieurs d’entre eux, déterminés à obtenir les substantielles augmentations de salaire qu’ils réclament depuis le début de leur mouvement, ont menacé de recourir à la violence pour forcer l’exploitant de la mine à les réembaucher.
"Nous allons nous battre"
"S’ils ne veulent pas nous parler, beaucoup de choses vont brûler à partir d’aujourd’hui", a lancé à l’AFP Hendrick Mpondo, 27 ans. "S’ils disent qu’ils nous licencient, nous allons nous battre contre eux. Il y a déjà des gars qui projettent de brûler la fonderie".
Les mineurs se sont cependant dispersés dans le calme, à l’issue de ce rassemblement. Ils ont néanmoins promis de poursuivre leurs protestations. Pour la majorité d’entre eux, ils n’étaient pas armés, à l’inverse d’autres manifestations où des bâtons et d’autres formes d’armes avaient été brandies.
Dans la journée, l’agence de presse sud-africaine SAPA a également annoncé le renvoi de la majorité des 3.500 mineurs grévistes de la compagnie Atlatsa Resources Corporation, en partie détenue par Amplats.
A l’instar des travailleurs de Rustenburg, les mineurs du site d’extraction de platine de Bokoni, dans la province voisine du Limpopo (nord-est), ont été licenciés pour leur absence à une audience disciplinaire, après deux semaines de grève sur les salaires. Ils ont trois jours pour faire appel.
Signe des tensions qui persistent, trois véhicules ont été incendiés vendredi soir juste à côté du puits de Thembelani, l’un des site d’Amplats. Par ailleurs, un dirigeant local du syndicat national des mines (NUM) a été abattu chez lui vendredi soir dans la ville de Marikana, à quelques kilomètres de là.
Marikana, un site exploité par Lonmin, a été le théâtre en août et septembre du plus violent conflit social en Afrique du Sud depuis la chute de l’apartheid en 1994 : 46 personnes au total y ont trouvé la mort, dont 34 mineurs en grève sauvage abattus par la police le 16 août.
Au moins sept personnes tuées
Depuis le début des conflits sociaux dans les mines, les grévistes expriment une vive défiance envers le NUM, accusé d’être trop proche du pouvoir et du patronat.
Selon les informations des syndicats, au moins sept personnes ont trouvé la mort en marge du conflit social d’Amplats, depuis une semaine. Près de 100 000 personnes, mineurs mais également transporteurs routiers, sont en grève actuellement en Afrique du Sud pour réclamer des hausses de salaires.
Le président Jacob Zuma a répété cette semaine que ces conflits sociaux étaient dangereux pour l’économie, et risquaient de faire fuir les investisseurs. "Nous ne devrions pas chercher à nous montrer nous-mêmes comme une nation perpétuellement en train de se battre", a-t-il lancé jeudi.
Les investisseurs redoutent une paralysie totale du secteur minier, poumon économique du pays, qui contribue à presque 20% du PIB sud-africain. "Le gouvernement ne fait rien", constatait vendredi Peter Attard Montalto, analyste stratégique à la banque japonaise Nomura, affirmant que les grèves avaient déjà coûté entre 0,2 et 0,3% de croissance au troisième trimestre.
En février, le principal concurrent d’Amplats, Impala Platinum avait licencié 17.000 travailleurs, pour les réembaucher quelques semaines plus tard, après un accord sur les salaires. Amplats s’était dit prêt vendredi à "explorer les possibilité de faire avancer les négociations salariales dans le cadre des conventions existantes".
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