La Minusma clôt officiellement dix ans de présence au Mali
Critiquée par les Maliens, attaquée par les jihadistes, la mission de l’ONU a fini par baisser son drapeau qui flottait depuis 2013 sur Bamako.
![Un soldat de la Minusma monte la garde près d’un véhicule de l’ONU qui a roulé sur un engin explosif près de Kidal, dans le nord du Mali, le 14 juillet 2016. © SOULEYMANE AG ANARA / AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2023/12/11/minusma-kidal.jpg)
Un soldat de la Minusma monte la garde près d’un véhicule de l’ONU qui a roulé sur un engin explosif près de Kidal, dans le nord du Mali, le 14 juillet 2016. © SOULEYMANE AG ANARA / AFP
La mission de l’ONU au Mali (Minusma) a officiellement clos ce 11 décembre dix ans de déploiement dans ce pays en proie au jihadisme et à une crise profonde après avoir été poussée vers la sortie par la junte au pouvoir.
La Minusma a descendu le drapeau des Nations unies sur son quartier général proche de l’aéroport de Bamako. Cette fermeture met fin à un engagement commencé en 2013 face à la propagation de violences qui menaçaient la stabilité de l’État. Elles ont depuis gagné le centre du pays et les voisins sahéliens du Burkina Faso et du Niger, faisant des milliers de morts civils et combattants, et déplaçant des millions de personnes.
Critiques
Avec plus de 180 membres tués dans des actes hostiles essentiellement perpétrés par les groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation État islamique, la Minusma est la mission de paix de l’ONU la plus durement touchée ces dernières années. Ses effectifs ont tourné autour des 15 000 soldats et policiers venus d’une multitude de pays. Malgré les pertes humaines et un engagement financier considérable, la Minusma a fait l’objet de vives critiques d’une partie des Maliens, qui dénonçaient son incapacité à juguler la crise.
La Minusma s’est vu chroniquement reprocher son impuissance face aux jihadistes par une partie de l’opinion et ses dirigeants. Sa présence était devenue quasiment intenable, mais aussi indésirable pour les militaires qui ont pris le pouvoir en 2020. Le Burkina Faso et le Niger ont vu à leur tour l’avènement de régimes militaires ces dernières années.
Droits humains
Les relations entre la Minusma et la junte n’ont cessé de se dégrader sous la junte. L’ONU dénonçait ouvertement les interdictions de vols et autres obstructions mises par les autorités à l’accomplissement de la mission. Les autorités s’insurgeaient contre les immixtions, selon elles, de la Minusma dans la défense des droits humains, qui faisait pourtant partie de son mandat.
Le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, a fini par demander en juin le départ « sans délai » de la Minusma devant le Conseil de sécurité de l’ONU. Il a proclamé « l’échec » de la mission et affirmé qu’elle n’était pas la solution mais faisait « partie du problème ».
La Minusma ne pouvait pas rester contre le gré des autorités maliennes. Le Conseil de sécurité a mis fin dans la foulée au mandat de la Minusma au 30 juin et lui a assigné pour objectif d’avoir quitté le pays d’ici au 31 décembre. La Minusma s’est depuis désengagée de la plupart de ses 13 emprises, dans des conditions difficiles dans le nord, sous la pression d’une escalade militaire entre tous les acteurs armés présents sur le terrain.
Outre Bamako, il reste à la Minusma à fermer les sites de Gao et Tombouctou (nord) où sera mené après le 1er janvier ce que l’ONU appelle la « liquidation » de la mission. Il s’agira par exemple de remettre aux autorités les derniers équipements devant l’être ou de mettre fin aux contrats existants.
(Avec AFP)
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