À la COP28, une « course contre la montre » pour lever « les blocages tactiques inutiles »
Les débats se durcissent à Dubaï. Au lendemain de la polémique provoquée par la fuite d’un courrier adressé par le secrétaire général de l’Opep à ses membres leur enjoignant de rejeter tout accord ciblant les énergies fossiles, les responsables onusiens montent au créneau.
« Nous sommes dans une course contre la montre », a tonné le secrétaire général de l’ONU, António Guterres avant d’appeler les pays à la « bonne foi » et au « maximum de flexibilité » pour éviter une immense déception le 12 décembre. Il a été très clair : la COP28 doit appeler à la « sortie des énergies fossiles » mais « cela ne veut pas dire que tous les pays doivent sortir des énergies fossiles en même temps ». C’est-à-dire que les pays riches doivent donner l’exemple, et aider les plus pauvres à financer leurs centrales solaires ou l’électrification de leurs usines.
« Nous n’avons pas une minute à perdre dans cette cruciale dernière ligne droite », a pressé avant lui Simon Stiell, chef de l’ONU Climat, jugeant que « les plus hauts niveaux d’ambition sont possibles » sur les deux sujets indissociables au cœur des derniers pourparlers : la fin du pétrole, du charbon et du gaz d’une part, et les dollars dont ont besoin les pays pauvres pour se développer sans fossiles d’autre part.
Les métaphores sportives sont de mise ce 11 décembre à Dubaï, alors que la COP28 est censée se terminer le 12 et que la dernière nuit a été courte pour tout le monde. Les ONG sont sur des charbons ardents, désireuses d’une « COP qui soit un moment charnière dans notre histoire, dont on se souviendra avec fierté », a réagi Teresa Anderson, chez ActionAid International.
Fébrilité
Signe de la fébrilité ambiante, plusieurs événements publics annoncés ont été annulés à la dernière minute. La tension est notamment montée d’un cran après la divulgation, le 8 décembre, d’un courrier adressé par le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dans lequel il enjoignait ses 23 pays membres ou associés de « rejeter proactivement tout texte ou toute formulation qui cible l’énergie, c’est-à-dire les combustibles fossiles, plutôt que les émissions » de gaz à effet de serre.
Un nouveau projet d’accord attendu aux aurores n’a toujours pas été publié à la mi-journée à Dubaï, l’épuisement pointant chez les milliers de participants à la COP28. Ce nouveau document lancera un intense sprint de tractations, avant une séance plénière à 18H00 (14H00 GMT) et potentiellement une ou plusieurs nuits blanches pour les délégués et observateurs. En 28 ans, les COP ont rarement fini à l’heure.
Mais le déterminé président émirati de la COP28, Sultan Al Jaber, patron de la compagnie pétrolière nationale, a promis un accord « historique » dès le 12 décembre, jour anniversaire de l’accord de Paris, dont il assure que l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5°C, sérieusement menacé, est « son étoile polaire ». « Tout le monde doit faire preuve de flexibilité », a-t-il lancé. « Nous devons avancer beaucoup, beaucoup, beaucoup plus vite. »
Compromis des dernières heures ?
Le nouveau texte attendu ce 11 décembre, probablement ponctué d’options ou de formulations entre parenthèses, testera sa capacité à façonner un compromis dans les dernières heures puisqu’il est cette fois établi sous sa conduite. La Chine et son émissaire Xie Zhenhua, vétéran des COP et proche de l’Américain John Kerry, sont de toutes les conversations.
La déclaration commune de Sunnylands signée en novembre par la Chine et les États-Unis pourrait servir de base à un éventuel accord à la COP28. Les deux premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre (41 % à eux deux) évitaient de parler de « sortie » des fossiles mais indiquaient que les énergies renouvelables (solaire, éolien…) devaient graduellement les remplacer. Les camps attendent le nouveau texte pour véritablement « dévoiler leurs cartes », explique une source proche de la présidence de la COP.
L’Arabie saoudite de plus en plus isolée
De plus en plus isolés, l’Arabie saoudite, premier exportateur de pétrole, l’Irak et quelques alliés de l’Opep campent sur leurs positions hostiles à toute sortie ou réduction des énergies fossiles, brandissant la menace d’un bouleversement de l’économie mondiale.
Pourtant, des ONG aux négociateurs, les participants expriment le même sentiment qu’un accord n’a jamais été aussi proche pour signaler le début de la fin du pétrole, du gaz et du charbon, dont la combustion depuis le XIXe siècle a permis l’essor économique mondial au prix d’un réchauffement de 1,2°C.
(Avec AFP)
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