L’étoile de l’économie sud-africaine commence à pâlir

L’étoile de l’Afrique du Sud a brusquement pâli: inertie gouvernementale, services défaillants et troubles sociaux forment un cocktail délétère qui ébranle son image de solidité et son statut de tête de pont économique sur un continent instable, selon les analystes.

Marche de protestation de mineurs sud-africains à Rustenburg. © AFP

Marche de protestation de mineurs sud-africains à Rustenburg. © AFP

Publié le 30 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Alors que l’Afrique n’a jamais autant intéressé les investisseurs, la jeune démocratie sud-africaine, elle, semble bien loin de l’euphorie de la fin de l’apartheid en 1994. La grève sanglante de la mine de Marikana et ses 46 morts, dont 34 abattus par la police dans une fusillade, ont fait revenir le pays aux pires heures de son histoire. Un "accident malheureux" selon le président Zuma, mais le pays peine à s’en remettre.

Des grèves continuent d’affecter le secteur minier, poumon économique du pays, et menacent l’approvisionnement en pétrole, avec le récent mouvement des routiers. Les provocateurs de tout poil comme Julius Malema, exclu de l’ANC, surfent sur le mécontentement des plus pauvres, des millions de Sud-Africains mal payés ou mal desservis en eau, électricité, livres scolaires.

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"La situation n’est pas rose", constate Mohammed Nalla, analyste chez Nedbank Capital à Johannesburg. Les perspectives "se dégradent", dit-il parlant d’"un déclin institutionnel et un déclin structurel qui s’installe dans l’économie". Pour lui et nombre de confrères, le problème vient de l’irresponsabilité du pouvoir qui échappe à toute sanction même en cas d’échec. Faute de rival sérieux, l’ANC est accusé de se préoccuper davantage de s’enrichir et consolider sa mainmise.

Congrès de l’ANC en décembre

Depuis des mois, ses membres sont concentrés sur le congrès qui doit avoir lieu en décembre et sur l’élection du président de l’ANC, amené de facto à devenir président d’Afrique du Sud. Le président Zuma pourrait avoir comme adversaire le vice-président Kgalema Motlanthe, qui ne s’est pas déclaré. En attendant, ni l’un ni l’autre n’ose prendre des décisions et risquer de s’aliéner des soutiens.

Cette dérive politique a commencé à ronger la confiance des investisseurs. Cette semaine, l’agence de notation Moody’s a dégradé d’un cran la note de l’Afrique du Sud, à Baa1, à l’égal de la Russie, du Brésil ou de la Thaïlande. Les doutes de Moody’s tiennent au double déficit de l’Afrique du Sud –balance commerciale et budget– et à l’apathie gouvernementale face aux difficultés économiques croissantes. Ironie du sort, le coup de semonce de Moody’s survient au moment où l’Afrique du Sud rejoint le club fermé des pays admis dans le panier de référence des emprunts d’Etat au sein du Citi Index.

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Mais si la mauvaise impression s’installe durablement, alors l’Afrique du Sud pourrait rapidement connaître de sérieux problèmes, et le moment ne pourrait pas être plus mal choisi. En mal de rentabilité dans le monde développé, les investisseurs misent sur les marchés africains, plus risqués mais en croissance, et assis sur d’importantes richesses minières, comme l’Afrique du Sud. La dette sud-africaine et le rand gardent leur attrait, permettant à Pretoria de maintenir son déficit public et commercial sous contrôle. Mais, souligne M. Nalla, "cela ne peut pas durer éternellement".

Pas comparable au Zimbabwe

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Un ralentissement de l’afflux de capitaux étrangers coûterait cher à l’Afrique du Sud: les frais d’emprunt augmenteraient, le budget serait sous pression, la monnaie affaiblie, ce qui renchérirait le coût du pétrole importé.

"La situation n’est pas comparable au Zimbabwe, on ne voit pas les investisseurs partir en courant les mains en l’air", commente Peter Attard Montalto, analyste à la banque d’investissement Nomura. Mais "on assiste à une lente et constante série de contre-performances", l’Afrique du Sud "ne réalise pas complètement son potentiel".

Le pays est préservé provisoirement par les quelques institutions qui fonctionnent mais les vrais problèmes ne sont pas réglés. "Les investisseurs vont voir la banque centrale, ou le Trésor, qui sont des institutions de tout premier ordre, de qualité égale sinon meilleure que dans les pays développés. Ils ne traitent pas avec le ministère de l’Education, du Travail", explique Peter Attard Montalto. Or, c’est "là qu’on mesure les vrais problèmes. Sans parler de l’échelon provincial dont la vaste majorité souffre d’une grande inefficacité et d’une forte corruption".

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