Afrique du Sud : mandat d’arrêt contre l’opposant numéro un, Julius Malema
Un mandat d’arrêt a été émis vendredi contre le jeune tribun populiste sud-africain Julius Malema, farouche opposant au président Jacob Zuma et récemment exclu de l’ANC au pouvoir, alors que l’agitation sociale s’est étendue à une nouvelle mine.
Coïncidence ou pas, cette décision – uniquement liée à son enrichissement suspect – survient à la fin d’une semaine marquée par une vigoureuse reprise en main des autorités dans la crise minière qui secoue le pays depuis plusieurs semaines.
Malema avait entrepris une tournée des mines du pays, jurant de les rendre "ingouvernables" et appelant les travailleurs à la révolution. La police l’a empêché lundi de prendre la parole devant les grévistes de Marikana (nord), où s’achevait un long conflit social émaillé de violences qui ont fait 46 morts.
"On nous a notifié aujourd’hui qu’un mandat d’arrêt avait été émis contre Julius Malema, nous n’en avons pas encore la copie", a indiqué à l’AFP son avocate Nicqui Galaktiou, affirmant ne pas avoir été informée des motivations de cette décision de justice.
Selon l’hebdomadaire City Press sur son site internet, "Malema devrait comparaître devant un tribunal la semaine prochaine à Pretoria ou Polokwane (nord, la ville dont il est originaire, ndlr), pour blanchiment d’argent, corruption et fraude". Soucieuse d’éviter une arrestation physique, l’avocate a ajouté: "Nous allons contacter les autorités pour organiser sa comparution devant le tribunal la semaine prochaine." Sans doute pas avant mardi, lundi étant férié en Afrique du Sud.
La police et la direction des impôts s’intéressent depuis plusieurs mois à l’origine des revenus de Malema, qui mène grand train même s’il dit défendre les plus pauvres.
Son argent viendrait d’un obscur fonds familial et de On-Point Engineering, une compagnie dans laquelle il a des intérêts qui a gagné des appels d’offres suspects de sa province du Limpopo (nord).
"Je fais des affaires, et ça marche bien", avait-il indiqué mercredi à la radio 702, expliquant travailler "partout dans le pays". Dans un communiqué, le fisc a démenti vendredi être à l’origine du mandat d’arrêt, tandis que le Parquet et la police se sont refusés à tout commentaire.
La perspective d’une arrestation imminente du jeune tribun, âgé de 31 ans, revenait régulièrement ces derniers mois, et l’intéressé, qui se présente volontiers en martyr, s’est à plusieurs reprise dit "prêt".
Exclu de l’ANC en avril après un long "procès" pour indiscipline, "Juju" a dû lâcher les rênes de la Ligue de jeunesse du mouvement, qu’il présidait depuis quatre ans.
Il agit désormais au sein d’une association nommée "Amis de la Ligue de jeunesse", tandis que ses anciens lieutenants lui sont restés fidèles.
Des mineurs sud-africains de Marikana, d’où est partie la revendication pour une hausse des salaires, le 14 septembre 2012
© AFP/Archives
Opposant acharné
Malema est devenu un opposant acharné du président Jacob Zuma, qui fut pourtant son mentor, et qu’il accuse désormais de dictature, alors que le parti dominant doit renouveler sa direction en décembre.
Certains de ses amis ont indiqué à l’hebdomadaire Mail & Guardian que la jeunesse sud-africaine se rebellerait et plongerait le pays dans l’anarchie s’il devait être arrêté.
Sur le terrain minier, la situation est restée assez tendue vendredi, au lendemain de la reprise du travail à Marikana, mais sans échauffourées particulières.
La grève se poursuivait notamment chez les producteurs de platine et d’or Anglo American Platinum (Amplats) et Gold Fields, et elle a gagné une mine d’or exploitée par AngloGold Ashanti près d’Orkney, à 170 km au sud-est de Johannesburg.
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