Afrique du Sud : les mineurs se dispersent dans le calme à Rustenburg
La police a dispersé dans le calme dimanche une manifestation de mineurs de la ceinture de platine sud-africaine de Rustenburg, un mois jour pour jour après la fusillade qui avait fait 34 morts dans une mine de la région, à Marikana.
Au lendemain de nouveaux incidents survenus samedi, les mineurs avaient décidé de se regrouper dimanche matin à l’extérieur de la ville de Rustenburg, pour ensuite marcher vers le commissariat de police.
Mais les forces de l’ordre, qui ont reçu du gouvernement la consigne de mettre un terme aux troubles dans cette zone vitale pour l’économie nationale, leur ont bloqué le passage.
Barrant la route avec des véhicules blindés, la police a donné quelques minutes aux manifestants pour se disperser. Ce que les meneurs des grévistes ont accepté, par peur de nouveaux affrontements.
Les mineurs, venus sans armes ni bâtons, voulaient marcher "pacifiquement" vers le poste de police pour protester contre les violences de la veille. La police avait d’abord opéré une descente dans la nuit de vendredi à samedi dans leurs logements, pour y confisquer armes blanches et bâtons.
Puis les forces de l’ordre avaient dispersé samedi matin un rassemblement de mineurs, usant de gaz lacrymogènes et tirant des balles en caoutchouc qui ont fait plusieurs blessés, dont des femmes.
"Ils nous ont dit qu’on avait besoin d’une autorisation pour qu’ils nous laissent passer. Je pense que c’est du racisme de la part du gouvernement", a déploré Siphamandla Makhanya, l’un des représentants des mineurs d’Amplats, filiale du géant Anglo American, ajoutant: "Depuis 1996 ils n’ont pas amélioré les conditions des mineurs".
Tandis que la manifestation se dispersait, un autre mineur, Lunsstone Bonase, 32 ans, expliquait à des journalistes: "Le gouvernement est contre le peuple et permet qu’on tue des gens (…) Est-ce qu’on va travailler comme sous l’apartheid? Ils nous forcent à retourner au travail, comme ils le faisaient sous l’apartheid".
"Répression digne de l’apartheid"
Les références au régime raciste et répressif de l’apartheid, disparu en 1994, se sont multipliées depuis que la police a tué 34 mineurs en grève le 16 août à Marikana, sur le site exploité par Lonmin. Les grévistes réclamaient un triplement de leurs salaires, à 12.500 rands mensuels (1.160 euros).
Samedi, l’évêque anglican Jo Seoka, médiateur dans les pourparlers entre grévistes et direction de Lonmin, a mis en garde le pouvoir: "Le gouvernement doit être fou pour croire que ce qui ressemble pour moi à la répression du temps de l’apartheid, puisse réussir", a dit ce leader religieux respecté.
"Nous ne devons pas oublier que de telles méthodes ont dans le passé conduit à davantage de résistance et que le gouvernement ne peut pas se permettre d’être perçu comme l’ennemi du peuple qui l’a porté au pouvoir".
Dimanche, un mois jour pour jour après la tragédie de Marikana, l’agglomération était quadrillée par une douzaine de lourds blindés de la police, alors que la population vaquait tranquillement à ses occupations.
L’agitation sociale dans les mines, qui touche essentiellement la ceinture de platine autour de Rustenburg — d’où les multinationales du secteur extraient plus d’un cinquième de la production mondiale — a débuté après le massacre du 16 août à Marikana.
Depuis, les mineurs d’autres sites ont réclamé les mêmes augmentations et, face aux risques de violence, les majors du platine ont fermé un à un leurs puits dans la région.
Très inquiet des conséquences pour la croissance et l’emploi, le gouvernement a fini par taper du poing sur la table vendredi, en annonçant de fermes mesures de maintien de l’ordre.
Dimanche matin, le PDG de Lonmin Simon Scott a publié une tribune dans un journal dominical sud-africain, le Sunday Times, où il affirme que céder aux revendications salariales "mettrait en danger des milliers d’emplois et menacerait en fait la survie de l’activité".
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