Ethiopie : Hailemariam Desalegn élu à la tête de la coalition au pouvoir
Le Premier ministre éthiopien par intérim Hailemariam Desalegn a été élu samedi président de l’EPRDF, la coalition au pouvoir en Ethiopie, succédant à l’ex-Premier ministre Meles Zenawi, décédé en août, auquel il devrait également succéder à la tête de l’exécutif en octobre.
"Sur trois candidats, Hailemariam Desalegn a obtenu l’unanimité des voix", a annoncé Simon Bereket, ministre de l’Information et haut responsable de l’EPRDF (Front révolutionnaire et démocratique des peuples éthiopiens).
L’actuel ministre de l’Education, Demeke Mekonnen, a été élu vice-président, poste précédemment occupé par M. Hailemariam, a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse à Addis Abeba.
Tous deux seront les candidats de la coalition aux postes respectivement de Premier ministre et vice-Premier ministre, qui seront élus par la Chambre des représentants du Peuple (chambre basse du Parlement) lors de sa prochaine session ordinaire en octobre, a également annoncé M. Bereket.
Le nouvel exécutif restera en fonction jusqu’aux prochaines législatives de 2015, a-t-il affirmé.
Sauf révolte des députés, M. Hailemariam semble donc devoir succéder à M. Meles à la tête de l’exécutif éthiopien, l’EPRDF détenant une écrasante majorité des sièges au Parlement après avoir officiellement recueilli 99,6% des voix lors des législatives de 2010.
Meles Zenawi, incarnation à lui seul du pouvoir en Ethiopie durant 21 ans, cumulait le poste de président de la coalition avec celui de Premier ministre – chef du pouvoir exécutif en Ethiopie – mais les observateurs se demandaient si cette pratique serait maintenue.
La Constitution est muette sur le sujet et les analystes n’excluaient pas de possibles tensions et divisions au sein de l’EPRDF, alors qu’aucun mécanisme institutionnel n’était prévu pour assurer la transition du pouvoir en Ethiopie.
Rupture générationnelle
L’élection de M. Hailemariam, 47 ans, sans passé militaire, semble marquer une rupture générationnelle au détriment de la "vieille garde" des dirigeants historiques de la coalition, arrivés par les armes au pouvoir au côté de M. Meles, en renversant le pouvoir du Derg de Mengistu Hailemariam.
"L’EPRDF a décidé que la direction devait passer à la nouvelle génération qui n’a pas participé à la lutte armée" ayant porté la coalition au pouvoir en 1991, a déclaré M. Bereket.
Aucun détail n’a filtré sur la réunion des organes directeur de l’EPRDF, ouverte vendredi et tenue à huis clos.
Les deux nouvelles têtes de la coalition ont été choisies parmi les 36 membres du Comité exécutif – neuf pour chacun des quatre partis de la coalition – au fonctionnement très secret.
Aucun des deux nouveaux dirigeants n’appartient à la communauté tigréenne, dont était issu M. Meles et alors que le tout-puissant Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti de M. Meles, est considéré comme la colonne vertébrale de l’EPRDF.
Selon des observateurs, les autres partis de la coalition militaient pour que la direction de l’EPRDF soit attribuée à un non-Tigréen.
Outre le TPLF, l’EPRDF est composée de l’OPDO (Organisation démocratique du peuple Oromo, principale ethnie du pays), du Mouvement national démocratique Amhara (ANDM, dont M. Demeke est le président) et le Front démocratique des Peuples du sud éthiopien (SEPDM, présidé par M. Hailemariam).
M. Meles, décédé le 20 août dans un hôpital bruxellois après avoir gouverné l’Ethiopie sans partage durant 21 ans, avait fait de M. Hailemariam son dauphin depuis 2010 en le nommant vice-Premier ministre et en le faisant élire vice-président de l’EPRDF.
Sudiste, protestant, n’ayant pas combattu au sein de l’EPRDF du temps où elle était une rébellion, Hailemariam Desalegn semblait néanmoins cumuler les handicaps dans un pays où le pouvoir réel est aux mains des ex-rebelles de la minorité tigréenne issue du nord du pays, et dans une société majoritairement orthodoxe très marquée par la religion.
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