Deux ans de captivité pour les 4 Français otages d’Aqmi
Deux ans après leur enlèvement au Niger, quatre Français sont toujours détenus en otages au Sahel par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui s’est emparé depuis cinq mois et demi, avec l’aide d’autres groupes islamistes armés, du nord du Mali.
Les négociations qui se sont engagées après l’enlèvement le 16 septembre 2010 à Arlit, dans le nord du Niger, des quatre salariés du groupe nucléaire français Areva et de son sous-traitant Satom, Daniel Larribe, Pierre Legrand, Marc Féret et Thierry Dole, sont particulièrement laborieuses.
"Qu’est-ce qui bloque ?", s’interrogeait mi-août la mère d’un des otages.
Alors qu’une nouvelle vidéo des otages, datée du 29 août selon l’un d’eux, a été diffusée la semaine dernière par les ravisseurs, les familles ont été reçues jeudi au palais de l’Elysée par le président François Hollande.
Le chef de l’Etat français a assuré que "tout est fait avec la plus grande détermination" pour obtenir la libération des quatre otages, exprimant aux familles "la solidarité de la nation" et rappelant "la pleine mobilisation de l’Etat" sur ce dossier.
"La principale difficulté dans ce dossier est la versatilité d’Abou Zeid, le chef d’Aqmi qui détient les quatre Français", estime le responsable de la sécurité d’un pays du Sahel.
Abou Zeid, un Algérien, est l’un des chefs les plus redoutés d’Aqmi, considéré comme responsable de la mort de deux otages occidentaux. Son chef direct, l’Algérien Nabil Makhloufi, alias Nabil Abou Alqama, qui coordonnait les actions d’Al-Qaïda dans le nord du Mali, est mort le week-end dernier dans un accident de la circulation.
"Abou Zeid est tantôt prêt à discuter, tantôt il ferme les portes, comme si le temps jouait en sa faveur, sans oublier qu’il prend aussi un peu les otages comme des boucliers pour éviter un éventuel bombardement de ses bases", ajoute le responsable de la sécurité sahélien.
Car la situation est en train d’évoluer: après la prise le 1er septembre de Douentza, ville stratégique dans le centre du Mali et proche du Nord, les autorités de transition de ce pays ont fait formellement appel à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour lui demander de l’aide pour la reconquête du Nord-Mali.
Une perspective encore lointaine, mais qui pourrait expliquer que les preneurs d’otages souhaitent se garantir des boucliers humains avant toute intervention militaire.
"Les ravisseurs sont maîtres du jeu"
Une autre difficulté dans les négociations vient de la question, officiellement taboue, de la rançon exigée par les ravisseurs. Dans un premier temps, elle s’élevait à la somme de 100 millions d’euros, avant d’être légèrement revue à la baisse, selon une source proche de la médiation malienne.
Dans la vidéo diffusée le 8 septembre, l’un des otages, Daniel Larribe fait allusion à une demande de rançon, indiquant que pour les faire libérer, "il y a peut-être un prix fort à payer".
Un porte-parole du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), l’un des groupes armés qui occupe le nord du Mali, a affirmé qu’une rançon de 15 millions d’euros lui avait été payée pour la libération, mi-juillet, de trois otages européens détenus depuis octobre 2011. Ce mouvement a aussi annoncé avoir exécuté un diplomate algérien, ce qu’Alger n’a pas confirmé.
Enfin, la présence de plusieurs filières de médiation complique le dossier, selon les observateurs.
"Trop de médiations tue la médiation. Mais encore une fois, sur ce dossier, les ravisseurs sont maîtres du jeu. Ils ont un agenda. Ils le respectent", explique Tiégoum Boubèye Maïga, journaliste malien, familier des questions du nord du Mali.
"Mais les ravisseurs sont aussi otages de la situation. Ils sont obligés pour des questions de stratégie de veiller sur la santé des otages français. La mort éventuelle des otages fragiliserait leur position", explique de son côté un diplomate en poste à Bamako. Sur la dernière vidéo, les otages avaient l’air "fatigué et même épuisé", selon leurs familles.
D’après les recoupements de l’AFP effectués auprès de médiateurs de la sous-région, les otages sont détenus séparément et régulièrement déplacés, pour éviter toute opération commando pour les libérer tous. Au total, neuf Européens, dont six Français, sont retenus par Aqmi au Sahel.
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