Film anti-islam : déploiement américain après les manifestations
Washington a commencé à déployer des forces afin de faire face aux manifestations anti-américaines ayant fait plusieurs morts vendredi parmi les protestataires mobilisés contre la diffusion d’un film islamophobe réalisé aix Etats-Unis
Cent Marines ont déjà été envoyés en Libye, où l’ambassadeur américain Chris Stevens est mort mardi avec trois autres fonctionnaires, et au Yémen, où quatre manifestants ont été tués jeudi après que des protestataires sont entrés de force dans l’ambassade.
"Nous devons être prêts dans l’hypothèse où ces manifestations deviennent hors de contrôle", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, sans plus de précision.
Selon la revue Foreign Policy qui l’interrogeait, le Pentagone est en train de débattre de l’envoi de 50 Marines pour protéger l’ambassade américaine au Soudan, où une dizaine de manifestants sont parvenus à pénétrer vendredi. Aucune décision n’a toutefois été prise sur cet envoi.
Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi dans le monde musulman pour dénoncer le film et deux manifestants sont morts en Tunisie, deux au Soudan et un au Liban.
Ce film, dont des extraits ont été publiés sur YouTube et dans lequel les musulmans et le prophète Mahomet sont présentés comme immoraux et brutaux, a enflammé la rue mardi en Egypte et en Libye, avant que les protestations, visant notamment les ambassades américaines, ne s’étendent à d’autres pays.
Les islamistes somaliens shebab et les talibans pakistanais ont appelé samedi les musulmans à attaquer l’Occident en représailles au film.
Les talibans afghans, qui ont attaqué vendredi soir une base où est stationné le prince Harry, ont affirmé que l’attaque lancée par son mouvement était "en représailles contre le film insultant". Deux marines américains ont été tués.
Au Caire, les affrontements se sont poursuivis toute la nuit entre policiers et manifestants jusqu’à l’évacuation au petit matin de la place Tahrir, proche de l’ambassade des Etats-Unis, où un calme précaire régnait samedi matin.
La police anti-émeutes a pourchassé dans les rues adjacentes les manifestants, en majorité de très jeunes Egyptiens aux affiliations politiques indéterminées, a rapporté l’agence officielle Mena.
Mena avait fait état d’un mort vendredi soir, mais le ministère de la Santé a démenti que la victime soit liée aux manifestations. Plusieurs dizaines de personnes –policiers et manifestants– ont été blessées dans les heurts ces derniers jours.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé avoir procédé à 142 arrestations.
Barack Obama : les États-Unis "tiendront bon"
Le président égyptien Mohamed Morsi a condamné le film vendredi tout en dénonçant les violences qu’il a provoquées. Les Frères musulmans avaient retiré leur appel à manifester.
Les Etats-Unis "tiendront bon" face aux violences dirigées contre leurs ambassades et leurs ressortissants, a averti le président américain Barack Obama.
Sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton a souligné que les pays du Printemps arabe ne s’étaient pas affranchis de la "tyrannie d’un dictateur" pour se retrouver sous celle "des foules", en allusion aux manifestations violentes qui se sont multipliées, dans le monde arabe mais aussi en Iran, au Pakistan, au Bangladesh, en Indonésie, et même en Australie.
Le Conseil de sécurité de l’ONU, jugeant "injustifiables" vendredi ces violences, a rappelé l’obligation des pays hôtes de protéger les missions diplomatiques.
L’Union européenne a également demandé vendredi soir aux autorités des pays frappés par ces violences d’assurer la "sécurité" des diplomates et à appeler "immédiatement à la paix et à la retenue".
Les réactions déclenchées par le film, de piètre qualité, qui aurait été produit par un copte (chrétien d’Egypte) habitant en Californie et tourné par un réalisateur de films porno, rappellent la colère qu’avait provoqué la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006 par un journal danois.
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