Raids israéliens sur Gaza, un émissaire américain attendu à Jérusalem
Alors que l’offensive se poursuit et que les conditions de vie des Palestiniens déplacés se dégradent, Washington semble hausser le ton face à Tel-Aviv.
Déterminé à mener sa guerre contre le Hamas « jusqu’au bout », Israël multiplie les raids aériens dans la bande de Gaza en dépit des signes d’impatience de son allié américain qui dépêche à Jérusalem son conseiller à la sécurité nationale. Dans la matinée du 14 décembre, le ministère de la Santé de l’administration du Hamas a annoncé la mort d’un total de 19 Palestiniens lors de frappes israéliennes à Gaza-ville (nord), Nuseirat (centre) et Rafah (sud) après une journée de raids aériens et d’intenses combats de rue.
Un raid israélien a fait deux morts et des blessés à Jénine, bastion de factions armées en Cisjordanie occupée, a indiqué le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne. L’armée israélienne avait annoncé la mort de dix de ses soldats le 12 décembre dans le secteur de Chajaya (nord), son bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début de son offensive terrestre à Gaza qui a coûté la vie à 115 de ses membres.
« Tout arrangement à Gaza ou concernant la cause palestinienne sans le Hamas ou les mouvements de résistance est une illusion », a déclaré dans un discours télévisé Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas, basé au Qatar. Il s’est dit prêt à des discussions sur « une voie politique qui assurera le droit des Palestiniens à un État indépendant avec Jérusalem pour capitale ». Selon un sondage publié le 13 décembre par le Centre de recherche palestinien sur la politique et les sondages (PCPSR), un institut indépendant de Ramallah, Ismaïl Haniyeh récolte 78 % des intentions de vote dans les Territoires palestiniens, contre 58 % avant la guerre. Près des deux tiers des répondants (64 %) estiment que le Hamas gardera le contrôle de Gaza au terme des combats.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a, lui, promis de poursuivre le combat contre le Hamas « jusqu’à la victoire ». « Rien ne nous arrêtera. Nous irons jusqu’au bout » et ce, malgré « la grande souffrance » causée par les pertes militaires et les « pressions » en faveur d’un cessez-le-feu, a-t-il déclaré.
Frappes « plus précises »
Sans remettre en cause leur soutien à l’opération israélienne, les États-Unis commencent à s’exaspérer du bilan des victimes dans la bande de Gaza, le président Joe Biden évoquant des « bombardements aveugles » et une possible « érosion » du soutien occidental à Israël. « Nous souhaitons la fin de ce conflit (…) mais nous ne pensons pas non plus qu’il serait pertinent d’arrêter l’opération maintenant (…) car les attaques terroristes contre Israël se poursuivraient ce qui, à long terme, n’est dans l’intérêt sécuritaire de personne dans la région », a déclaré Matthew Miller, le porte-parole de la diplomatie américaine.
Sans arrêter les frappes à Gaza, Israël doit trouver un moyen de réduire l’intensité des frappes, a suggéré Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche attendu les 14 et 15 décembre à Jérusalem pour des entretiens avec le Premier ministre israélien. « Cela veut simplement dire qu’il faut se diriger vers une phase différente du type de haute intensité que nous connaissons aujourd’hui », avait-il déclaré cette semaine lors d’un forum organisé par le quotidien américain Wall Street Journal.
Selon un rapport du bureau qui coordonne l’ensemble des agences américaines de renseignement (ODNI), environ 40 à 45 % des 29 000 munitions air-sol utilisées par l’armée israélienne depuis le début des frappes à Gaza sont « non guidées », donc moins précises, ce qui accroît le risque pour les civils, souligne la chaîne de télévision américaine CNN sur la base de trois sources ayant eu accès à ce document confidentiel.
« Les discussions [à Jérusalem, ndlr] sont extrêmement sérieuses », a déclaré John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, précisant que Jake Sullivan allait aborder le besoin de mener des frappes « plus chirurgicales et plus précises afin de réduire les pertes civiles ».
85 % de déplacés
Dans la bande de Gaza, soumise à un blocus israélien depuis 16 ans et à un siège total depuis le 9 octobre, les conditions de vie s’aggravent pour la population civile. Environ 85 % des 2,4 millions d’habitants du territoire ont été déplacés, beaucoup plusieurs fois, depuis le début de l’offensive israélienne, et des quartiers entiers détruits par les bombardements israéliens. « Face aux bombardements, aux privations et aux maladies, dans un espace toujours plus exigu, (les Palestiniens) sont confrontés au chapitre le plus sombre de leur histoire depuis 1948 », a martelé le patron de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, en allusion à la création de l’État d’Israël et l’exode des Palestiniens.
Tout au sud de la bande de Gaza, la ville de Rafah est devenue un gigantesque camp de fortune aux fragiles abris montés à la hâte, dont beaucoup ont été balayés par les tombereaux de pluie tombés ces derniers jours. « Où devons-nous aller? » demande Bilal al-Qassas, 41 ans, originaire de Khan Younès. Cela fait cinq jours qu’il dort dehors et sa tente est totalement inondée. Il semble sombrer dans le désespoir. « Maintenant nous souhaitons tout simplement mourir. Nous ne voulons ni de la nourriture ni de l’eau. » L’argent aide peu les plus fortunés lorsque tout manque. Mohammed al-Mahdun est parvenu à dénicher des vêtements d’hiver, pour trois fois le prix normal, mais décrit un « voyage de souffrance et d’humiliation indescriptible ».
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...