Italie – Tunisie : 56 survivants et des dizaines de disparus dans un naufrage au large de Lampedusa

Au moins une cinquantaine de migrants tunisiens sont portés disparus dans le naufrage de leur embarcation de fortune près de l’île italienne de Lampedusa, où un corps a été repêché et 56 personnes ont été sauvées.

Un bateau de migrants au large de l’île italienne de Lampedusa, le 12 avril 2011. © AFP

Un bateau de migrants au large de l’île italienne de Lampedusa, le 12 avril 2011. © AFP

Publié le 8 septembre 2012 Lecture : 3 minutes.

Le commandant des garde-côtes Filippo Marini a indiqué à l’AFP que les sauveteurs ont "récupéré 56 migrants, dont une femme, qui se trouvaient pour leur majorité en mer près de l’îlot de Lampione, ou déjà sur ce gros rocher", proche de Lampedusa. Les rescapés, "souffrant pour certains d’hypothermie" après des heures passées dans l’eau, ont été emmenés au centre d’accueil de Lampedusa, selon le porte-parole. Au moins cinq mineurs font partie des survivants, a indiqué l’organisation Save The Children.

Un cadavre a été repêché vendredi matin et les recherches se poursuivront "aussi longtemps qu’il y aura un espoir de trouver des survivants", a indiqué le porte-parole des garde-côtes. Mme Giusi Nicolini, maire (gauche écologiste) de Lampedusa, s’est dite profondément "peinée pour les victimes de la tragédie", appelant à ne "jamais s’habituer à ces drames, à l’idée qu’aujourd’hui encore traverser la Méditerranée à la recherche d’un travail ou d’une vie digne est de l’ordre de la roulette russe". Le Premier ministre italien Mario Monti, dans une interview à l’agence de presse Ansa, a appelé à affronter le problème des migrations, en se gardant de toute réaction raciste.

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"Il est important de ne pas faire semblant de ne pas voir le problème" et "de ne pas nous sentir dégagés de notre responsabilité morale parce que nous avons des problèmes plus graves", a déclaré M. Monti. "Nous devons avoir à l’esprit que (les migrants) n’amènent pas uniquement des mauvaises choses", a-t-il dit, en demandant la mise sur pied d’une "politique commune" au niveau européen. Selon les témoignages de rescapés recueillis par les garde-côtes, 136 migrants avaient embarqué au départ de la Tunisie, dont 10 femmes et 6 enfants.

Assistance de l’Otan

Des vedettes des garde-côtes, de la police financière, des carabiniers, des hélicoptères et des bâtiments de l’OTAN -un italien, un allemand et un turc– participent aux recherches. Le commandement sud de l’OTAN à Naples a agi en réponse à une "demande d’assistance provenant des autorités italiennes", a indiqué l’Alliance atlantique dans un communiqué à Bruxelles. "Les trois navires de l’OTAN ainsi que leurs hélicoptères ont réussi à localiser deux personnes qu’ils ont prises à bord et soignées", a indiqué l’Alliance, signalant avoir contribué à retrouver les rescapés réfugiés sur l’îlot de Lampione.

Des embarcations privées et des centres de plongée sous-marine de cette zone très touristique participent aux secours. C’est l’un des passagers qui a donné l’alerte jeudi vers 16H00 GMT depuis un téléphone portable, en signalant que l’embarcation était en train de couler.  Le bateau de pêche d’une dizaine de mètres de long se trouvait alors à environ 12 milles marins (22 km) de Lampedusa, île sicilienne, où débarquent chaque année des milliers d’immigrés clandestins.

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Aucune connaissance maritime

Vers 02H30 du matin (00H30 GMT), de premiers naufragés ont été récupérés en mer. La majorité a réussi à gagner à la nage l’îlot de Lampione d’où ils ont été évacués par les garde-côtes. L’épave était curieusement introuvable, soit que l’embarcation ait coulé à pic et très rapidement, soit — hypothèse plus improbable — qu’elle ait rebroussé chemin avec les passeurs vers la Tunisie. Le parquet d’Agrigente a ouvert une enquête pour "homicide et incitation à l’immigration clandestine" et essaie de savoir si des passeurs se trouvent parmi les rescapés. Selon Laura Boldrini, porte-parole du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés en Italie, "l’idée du passeur est en réalité obsolète". "Aujourd’hui, les migrants conduisent le bateau en se relayant. Il s’agit souvent de personnes qui n’ont aucune connaissance maritime", a-t-elle déclaré à l’AFP.

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Lampedusa, île de 20 km2 située à moins de 100 km des côtes nord-africaines, est la principale porte d’entrée dans l’Union européenne pour les immigrants en provenance de pays comme la Tunisie, la Libye ou même l’Egypte. En 2011, environ 50.000 Tunisiens partis pendant le "printemps arabe" et immigrants d’Afrique sub-saharienne fuyant la guerre en Libye étaient arrivés dans le sud de l’Italie. Depuis le début de 2012, l’afflux en provenance d’Afrique du nord a connu "une réduction drastique", selon Laura Boldrini, même si plus de 7.000 personnes ont débarqué sur les côtes italiennes, venant surtout de Libye, de Tunisie et d’Egypte. "Tout dépend de ce qui se passe sur l’autre rive de la Méditerrannée, il faut aider les pays en question pour éviter que le flux n’augmente", a estimé Mme Boldrini. Selon le HCR, au moins 280 personnes sont mortes en tentant de traverser la Méditerrannée cette année.

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