Au Bénin, Patrice Talon fera-t-il un geste pour Joël Aïvo ?

Une centaine d’enseignants du supérieur réclament, par voie de presse, l’élargissement de l’opposant Joël Aïvo, condamné il y a deux ans pour blanchiment de capitaux et complot contre l’autorité de l’État.

 © Damien Glez

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Publié le 14 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Avant-hier « quartier Latin de l’Afrique », hier baromètre de la conversion démocratique des autocrates et, aujourd’hui, vitrine d’un modernisme politique à l’occidental, la République béninoise interroge. Alors que certains glosent sur l’hypothèse d’une troisième candidature du président-businessman Patrice Talon, d’autres soulignent que son bilan est parsemé d’entraves à l’expression des opposants.

« Une preuve d’humanité »

Ce 13 décembre, c’est la cause de Joël Aïvo que plaidaient une centaine d’universitaires africains et français, dans une tribune diffusée par plusieurs médias béninois comme Matin Libre, La Nouvelle Tribune ou encore Bénin Web TV. Les signataires demandent à Patrice Talon « que tout soit mis en œuvre pour la libération du professeur » qui fut doyen de la Faculté de droit et de science politique de l’Université d’Abomey-Calavi. « Un universitaire sérieux et un constitutionnaliste de grande réputation », selon les auteurs du texte.

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Si les initiateurs de cet appel médiatisé savent que le sérieux ne dispense pas d’une peine de justice, ils revendiquent une « preuve d’humanité » et argumentent contre ce qu’ils considèrent comme deux abus. Primo, ils dénoncent une détention qui se déroulerait dans des conditions « épouvantables ». Secundo, tous ces enseignants remettent en question la condamnation elle-même.

Joël Aïvo a été arrêté en 2021, après une présidentielle à laquelle il ne put être candidat, avant d’être mis en examen puis condamné à dix ans de réclusion pour « complot contre l’autorité de l’État » et « blanchiment de capitaux ». Deux ans après le verdict, la tribune des universitaires évoque une condamnation « en l’absence de toute preuve » et le manque de « justification » pour soutenir « le maintien en détention de cet artisan de paix et de justice ».

Et Reckya Madougou ?

Alors que Patrice Talon est à mi-parcours d’un second mandat qu’il annonçait, en 2021, être le dernier, les observateurs de ce multipartisme chahuté pensent également à Reckya Madougou, l’ancienne garde des Sceaux de Thomas Boni Yayi. Elle fut condamnée à vingt ans de réclusion, également en 2021, pour « terrorisme ».

Le récent retour en politique de l’ancien chef de l’État, adversaire déclaré de son successeur au pouvoir, a fait monter la pression dans la cocotte-minute béninoise. Nombre de citoyens craignent le retour des manifestations, des actes de répression et des interpellations.

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