Maroc : une ONG alerte le gouvernement sur la situation des migrants
Les migrants d’Afrique subsaharienne sont victimes d’actes de racisme au Maroc, ainsi que de violences lors de leur expulsion, a affirmé jeudi l’Association marocaine des droits humains (AMDH), qui a demandé au gouvernement l’ouverture d’une enquête.
Les clandestins sont victimes "d’attaques" et de "racisme", écrit dans un communiqué l’AMDH, principale organisation de droits de l’Homme du royaume. Elle demande au gouvernement "l’ouverture d’une enquête sérieuse sur toutes les violations commises afin de traduire les responsables en justice" L’association condamne "les vagues d’expulsion et de répression à l’encontre des migrants d’origine subsaharienne". Selon elle, ces expulsions s’accompagnent de violences entraînant des "blessures (…) en plus des injures et autres formes d’humiliation ainsi que de la privation de soins médicaux".
Dans son dernier rapport sur la situation à Oujda, dans l’extrême est, l’AMDH évoque une nouvelle vague d’expulsion de 35 migrants dans la nuit de mercredi à jeudi, via la frontière algérienne, et la présence de blessés dans l’hôpital de la ville et un centre tenu par Médecins sans frontières (MSF). Dans un communiqué distinct, MSF a aussi exprimé son inquiétude "au regard de la hausse des violences contre les migrants sans papiers d’origine subsaharienne dans l’est du Maroc".
20 à 25 000 clandestins
Dans une réaction à l’AFP, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, a assuré être ouvert au "dialogue avec les associations" face au "défi" que représente la gestion de l’immigration clandestine. "S’il y a des cas à étudier, on les examinera dans le dialogue", a-t-il souligné, affirmant que le gouvernement respectait ses "obligations" sur ce dossier. M. Khalfi a par ailleurs relevé que le Maroc n’était "plus seulement un pays de transit mais aussi d’accueil, ce qui a des implications sociétales".
Rabat a multiplié ces derniers jours les expulsions d’étrangers en situation irrégulière. Généralement, ceux-ci sont renvoyés en Algérie, pays par lequel, d’après les services marocains de lutte contre l’immigration clandestine, ils transitent avant d’arriver dans le royaume. Une opération conjointe a par ailleurs été menée dans la nuit de lundi à mardi par Madrid et Rabat pour déloger plusieurs dizaines de migrants d’un îlot espagnol situé à 30 mètres des côtes marocaines.
La plupart de ces migrants ont été expulsés mercredi via l’Algérie, mais un responsable du Groupe antiraciste d’accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem) a souligné qu’ils allaient "sans doute revenir". Selon des associations de droits de l’Homme, entre 20.000 et 25.000 clandestins d’origine subsaharienne se trouvent actuellement au Maroc.
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