Afrique du Sud : nouveau bras de fer mineurs-direction à Marikana

Trois jours après le massacre de la mine de platine de Marikana, où 34 mineurs ont été tués par la police, l’exploitant Lonmin a menacé dimanche de licencier les grévistes qui ne reprendraient pas le travail lundi matin.

La police encercle le corps de mineurs grévistes, le 16 août 2012 à Marikana. © AFP

La police encercle le corps de mineurs grévistes, le 16 août 2012 à Marikana. © AFP

Publié le 19 août 2012 Lecture : 3 minutes.

Trois jours après le massacre de la mine de platine de Marikana, où 34 mineurs ont été tués par la police, l’exploitant Lonmin a menacé dimanche de licencier les grévistes qui ne reprendraient pas le travail lundi matin. Interrogés par l’AFP, les mineurs, qui réclament toujours de substantielles augmentations de salaires, affirmaient leur intention de poursuivre la grève, en mémoire de leurs camarades tués.

"L’ultimatum final a été repoussé au lundi 20 à la suite des événements de jeudi", a indiqué la société Lonmin, "l’ultimatum final donne aux employés une dernière chance de reprendre le travail ou de s’exposer à un possible licenciement". "Je ne retourne pas au boulot. Où est l’argent?", demande David Sikonyela, 52 ans, mineur du Lesotho, en prenant connaissance de l’ultimatum.

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"Ils ont envoyé la police pour nous tuer"

"Est-ce qu’ils vont virer aussi ceux qui sont à l’hôpital et à la morgue?", s’emporte son collègue Thapelo Modima, 46 ans. "De toute façon, c’est mieux d’être mis à la porte parce qu’ici, on souffre. Nos vies ne vont pas changer. Lonmin se fiche de notre bien-être, jusqu’à maintenant ils ont refusé de nous parler, ils ont envoyé la police pour nous tuer".

"Des gens sont morts. On est en colère. Si on reprenait le travail, ce serait comme s’ils étaient morts pour rien", ajoute Fezile Magxaba, un contremaître de Marikana, en faisant sa lessive à un robinet collectif. Les mineurs, qui touchent en moyenne 4.000 rands (400 euros) par mois, réclament 12.500 rands (1.250 euros), soit plus qu’un triplement de leur salaire.

Dans cette petite communauté proche de Rustenburg, dans le nord du pays, des services religieux discrets se sont tenus dimanche: "Beaucoup de gens ont peur d’être vus en train de se rassembler, même pour venir à l’église", explique un prêtre de l’Eglise Pentecôtiste, pour expliquer la faible affluence. "Nous faisons attention à ce que notre service ne puisse pas être considéré comme un rassemblement politique ou syndical", ajoute-t-il, refusant de donner son nom.

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Non loin de là, à l’hôpital de la mine, des familles encore dans l’ignorance du sort d’un proche continuaient à venir s’informer. La fusillade a fait 34 morts, 78 blessés et 259 personnes ont été arrêtées. Dans le pays, les commentaires politiques allaient bon train, accusant notamment le président Jacob Zuma d’avoir été passif tout au long de la crise.

Le come-back de Malema

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La vedette des journaux du dimanche était le jeune tribun populiste Julius Malema, soudain sorti de l’anonymat politique dans lequel il était tombé après avoir été exclu en avril de l’ANC, le parti au pouvoir, pour ses provocations répétées. Samedi, l’ancien leader de la ligue de jeunesse de l’ANC s’est rendu auprès des mineurs et s’est adressé à eux, refusant toute forme de protection policière. Il a accusé le président Zuma d’être responsable du massacre et l’a appelé à démissionner.

"Zuma ne s’intéresse pas aux mineurs. Il est venu ici hier soir (vendredi) et il a rencontré des blancs. Il ne sait même pas si les mineurs sont sains et saufs ou pas", a-t-il lancé aux grévistes. "Julius Malema a saisi une opportunité et a exploité le massacre de Marikana en se présentant comme le seul leader capable de s’adresser aux mineurs armés et en colère", notait dimanche matin The Sunday Independent, ajoutant: "pendant que le président Zuma arrivait à Marikana nuitemment, Malema a profité du vide pour sortir brutalement de l’obscurité politique où il était plongé".

Malema, qui n’a plus aucune structure politique autour de lui, a très longtemps incarné l’aile radicale de l’ANC. Insatisfait de voir le chômage, la misère et les inégalités s’aggraver 18 ans après la chute de l’apartheid, il appelait notamment à la nationalisation des mines et à l’expulsion sans compensation des grands propriétaires terriens blancs.

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