En Afrique du Sud, Jacob Zuma zappe l’ANC de Ramaphosa pour 2024

L’ex-président sud-africain a annoncé le 16 décembre qu’il ne voterait pas pour son parti lors de la prochaine élection présidentielle. Pour la première fois de son histoire, celui-ci risque de perdre la majorité.

L’ancien chef d’État sud-africain Jacob Zuma (ici au sortir de la Haute cour de Pietermaritzburg, en avril 2023), poursuivi dans le cadre de plusieurs affaires de corruption., s’en prend régulièrement à son successeur à la tête de l’ANC. © Kim LUDBROOK / POOL / AFP.

L’ancien chef d’État sud-africain Jacob Zuma (ici au sortir de la Haute cour de Pietermaritzburg, en avril 2023), poursuivi dans le cadre de plusieurs affaires de corruption., s’en prend régulièrement à son successeur à la tête de l’ANC. © Kim LUDBROOK / POOL / AFP.

Publié le 16 décembre 2023 Lecture : 2 minutes.

Il a beau toujours aimer le Congrès national africain (ANC), Jacob Zuma ne fera pas pour autant campagne en 2024 pour le parti et encore moins pour Cyril Ramaphosa, son successeur. Âgé de 81 ans, l’ancien président sud-africain, qui reste poursuivi dans plusieurs affaires de corruption, ne quittera pas le parti dont il a longtemps été un pilier, mais avoue peiner « à le reconnaître aujourd’hui sous sa direction actuelle ».

Après avoir servi l’ANC pendant plus de six décennies, il affirme demeurer son « loyal serviteur ». « À ma mort, je serai encore un membre de l’ANC », a-t-il insisté. Pour autant, il a appelé à voter pour un petit parti radical, récemment créé et baptisé Umkhonto We Sizwe (MK), comme le nom de l’ancien bras armé de l’ANC, lors d’une conférence de presse à Soweto.

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« Je ne peux pas et je ne ferai pas campagne pour l’ANC de [l’actuel président Cyril]  Ramaphosa », a-t-il déclaré dans un texte lu par sa fille Duduzile, pour préserver sa voix attaquée par un rhume passager. « Ma conscience ne me permet pas de mentir au peuple sud-africain et de prétendre que l’ANC de Ramaphosa est celui de [Nelson] Mandela et [d’Oliver] Tambo », a-t-il ajouté.

« Après mûre réflexion, je suis très attristé de constater que l’ANC d’aujourd’hui n’est plus le grand mouvement […] pour lequel nous étions prêts à sacrifier notre vie », a-t-il insisté, estimant qu’il avait perdu « la confiance et le respect » des Sud-Africains en raison notamment d’un chômage endémique et de coupures de courant récurrentes.

Majorité menacée

« On s’attend désormais largement à ce que l’ANC perde les élections générales pour la première fois depuis 1994 », a rappelé ce critique acerbe du président Ramaphosa. Depuis des mois, experts et sondages avancent que lors de ce scrutin, qui devrait se tenir entre mai et août, le parti au pouvoir pourrait perdre pour la première fois sa majorité parlementaire et donc la présidence du pays.

Une coalition menée par le premier parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), appelle toutes les bonnes volontés à les rejoindre pour déloger l’ANC du pouvoir et s’emploie en attendant à multiplier les inscriptions sur les listes électorales.

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À la fin d’août déjà, une autre figure historique de l’ANC, son ancien secrétaire général Ace Magashule, mis au ban en 2021 pour corruption, avait annoncé la création de son propre parti, le Congrès africain pour la transformation (ACT), en vue des élections prévues l’an prochain, lors d’une conférence de presse à Soweto, lieu hautement symbolique du combat contre le régime raciste de l’apartheid. Cet allié de Jacob Zuma est toujours populaire auprès d’une frange désenchantée de l’électorat en dépit de sa réputation sulfureuse.

Toujours influent

Jacob Zuma, lui, reste influent en dépit d’un nombre impressionnant d’affaires dans lesquelles il est – supposément ou non – impliqué. Il a été condamné en juin 2021 pour avoir obstinément refusé de répondre à une commission enquêtant sur la corruption d’une ampleur inédite sous sa présidence (2009-2018). Son incarcération dans la foulée avait déclenché plusieurs jours d’émeutes, faisant plus de 350 morts.

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L’ancien chef de l’État reste poursuivi pour escroquerie, corruption et racket dans une affaire de pots-de-vin qui auraient été versés par le groupe français de défense Thales il y a plus de vingt ans, mais le procès ne cesse d’être reporté.

(avec AFP)

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