À Madagascar, Andry Rajoelina investi, malgré le boycott du scrutin par l’opposition
Quelque 50 000 personnes, dont plusieurs chefs d’État de la région, ont assisté à la cérémonie d’investiture au stade d’Antananarivo, après la victoire du président malgache au premier tour de l’élection, le 16 novembre.
Le président malgache Andry Rajoelina, 49 ans, a été investi ce 16 décembre pour un second mandat après sa réélection au premier tour d’un scrutin boycotté par l’opposition, qui a déclaré ne pas reconnaître les résultats. La cérémonie d’investiture dans la capitale Antananarivo a réuni quelque 50 000 personnes dans le plus grand stade de l’île de l’océan Indien, plein à craquer, ont constaté des correspondants.
En moins de deux heures, le président a prêté serment « devant Dieu, le pays et le peuple » malgache, sous les vivats, avant une revue militaire pour marquer son statut de chef des armées. « Madagascar est aujourd’hui en chantier, la transformation est en cours, l’émergence à l’horizon », a-t-il notamment déclaré. « Mon attachement à Madagascar, terre de mes ancêtres, guidera chacune de mes actions », a ajouté le président qui a fait l’objet d’une polémique sur sa double nationalité franco-malgache.
Il s’est engagé à « construire une nation plus forte et plus prospère » et à se tenir « toujours au chevet des plus démunis ». En dépit d’importants obstacles ces cinq dernières années –pandémie, sécheresse, cyclones dévastateurs– « nous avons avancé et bâti des infrastructures », afin de « rattraper les retards de développement accumulés depuis plusieurs décennies », a-t-il assuré.
Parmi plusieurs chefs d’État de la région, Azali Assoumani, président des Comores à la tête tournante de l’Union africaine, était présent ainsi que Joao Lourenço, chef d’État angolais et président en exercice de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).
« Coup d’État institutionnel »
Onze millions d’électeurs malgaches étaient appelés aux urnes le 16 novembre. Lors des semaines précédant le scrutin, des manifestations se sont déroulées dans la capitale, à l’appel d’une dizaine d’opposants candidats, dont deux anciens présidents, réunis dans un collectif.
Réclamant l’annulation de la présidentielle, ils dénonçaient un « coup d’État institutionnel » visant à favoriser la réélection de Rajoelina et un scrutin « joué d’avance ». Ils avaient appelé les Malgaches à ne pas se rendre aux urnes. À peine plus de 46 % des électeurs ont participé au scrutin.
Plusieurs opposants sont poursuivis par la justice pour avoir participé aux manifestations précédant le scrutin. Les rassemblements, dont certains avaient été interdits par les autorités, ont régulièrement été dispersés par des jets de gaz lacrymogène. Le camp Rajoelina a maintes fois fustigé une opposition au comportement « irresponsable ». Aucune protestation n’a été organisée depuis le scrutin. En vue de l’investiture, les manifestations avaient été interdites depuis le 12 décembre.
Naturalisé français
En juin, la presse avait révélé que le président Rajoelina avait été discrètement naturalisé français en 2014. Selon l’opposition, cela devait l’empêcher de se présenter, mais la justice a refusé d’invalider sa candidature.
Élu une première fois en 2018, Andry Rajoelina avait déjà été au pouvoir entre 2009 et 2013, à la suite d’une mutinerie qui avait chassé l’ex-président Marc Ravalomanana. Ce dernier et l’autre ancien président Hery Rajaonarimampianina, présents à la cérémonie d’investiture de Rajoelina en 2019, avaient déclaré qu’ils ne feraient pas le déplacement ce 16 décembre.
Ces derniers jours, le chef de l’État s’est rendu dans les quartiers populaires de la capitale, distribuant des lampes solaires aux foyers sans accès à l’électricité, ainsi que des invitations à la cérémonie d’investiture.
(avec AFP)
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