Nord du Mali : des habitants de Gao à la pointe de la résistance aux islamistes
Des habitants de Gao, une des trois villes principales du nord du Mali occupées par des groupes islamistes armés depuis la fin de mars, sont à la pointe de la résistance contre ces « fous de Dieu » qui y multiplient les violences au nom de la charia, la loi islamique.
![Deux jeunes combattants islamistes dans une rue de Gao le 17 juillet 2012. © AFP](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2012/08/12/012082012173957000000photo_1344773104451-1-0_opt.jpg)
Deux jeunes combattants islamistes dans une rue de Gao le 17 juillet 2012. © AFP
Lapidation à mort d’un homme et d’une femme parents d’enfants sans être mariés, amputation de la main d’un voleur, coups de fouets à des couples "illégitimes", des fumeurs de cigarettes, des buveurs d’alccol: dans le nord du Mali abandonné par Bamako, les islamistes liés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) appliquent la charia de la manière la plus brutale qui soit.
Geneva;Il y a une semaine ils sont à nouveau descendus dans la rue pour empêcher, avec succès, les islamistes de couper la main d’un voleur, puis pour protester contre le passage à tabac d’un animateur de radio qui avait relaté le premier mouvement de colère contre l’amputation.
"A cette allure, ce sont les populations qui vont chasser les islamistes à mains nues", affirme Soumaïla Kanté, jeune sociologue malien de Gao.
"Des bornes à ne pas dépasser"
"Au début, on appréciait vraiment les islamistes, car ils nous respectaient, contrairement aux rebelles touareg qui étaient plus célèbres dans le brigandage qu’autre chose", dit un infirmier de l’hôptal de la ville, ajoutant: "Mais, il ne faut jamais oublier qu’ici, nous sommes des gens teigneux et courageux".
"Ce n’est plus le grand amour" entre islamistes et "nous", la population, reconnaît Abdoul Karim Maïga, du Collectif des ressortissants du nord du Mali, (Coren). "Avec leur charia" qui impose de "couper les mains, interdire de fumer, frapper les gens, la cote des islamistes a brutalement chuté", dit-il.
"C’est toujours Gao qui prend la tête des révoltes"
Tiegoum Boubèye Maïga, journaliste malien originaire de la région de Gao, rappelle que cette ville a toujours été "rétive". "Ça ne m’étonne pas qu’elle prenne la tête de la contestation contre les islamistes, parce qu’il y a des bornes à ne pas dépasser", explique-t-il à l’AFP.
Il ajoute que "dans le nord du Mali, c’est toujours Gao qui prend la tête des révoltes, avant qu’elles ne se propagent. C’est Soni Ali Ber, premier empereur de Gao (1464-1493) qui a été libérer Tombouctou du joug des Touareg".
La bravoure des habitants de Gao a fait tâche d’huile dans d’autres localités du Nord, notamment à Goudam, au sud de Tombouctou, où pour désapprouver les actions des islamistes, des habitants ont incendié en partie un bâtiment qu’ils occupaient, avant de les empêcher d’aller prier dans une mosquée de la ville.
Les groupes islamistes ont eu beau distribuer beaucoup de dons à l’occasion du ramadan, la stricte application de la charia a du mal à passer.
Geneva; Les populations des trois grandes villes du Nord occupé – Gao, Tombouctou et Kidal – tentent actuellement de former une "coalition des autochtones du Nord" contre "les envahisseurs"."Nous avons résisté aux Touareg, nous allons résister aux islamistes par tous les moyens, s’ils veulent appliquer aveuglément la charia dans toute sa rigueur chez nous", dit, sous couvert d’anonymat, un ex-préfet de Goudam qui ajoute: "Nous sommes une terre d’islam, pas d’islamisme".
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