Athlétisme : Mo Farah, l’Afrique au coeur
Mo Farah, né en Somalie mais élevé en Angleterre alors que son pays était ravagé par la guerre civile, sait qu’il doit tout au pays de l’Union Jack, et courra pour lui samedi à la poursuite d’un incroyable doublé lors du 5000 m des JO, après son succès sur 10.000 m.
Son triomphe sur le 10.000 m samedi dernier est venu mettre la dernière étincelle à une soirée déjà flamboyante pour l’athlétisme britannique avec les succès de Jessica Ennis à l’heptathlon et de Greg Rutherford à la longueur, en quelques minutes.
Un 2e sacre sur le 5000 lors de la dernière journée d’athlétisme au Stade olympique permettrait à la délégation britannique de cacher un bilan décevant sur la piste et dans les sautoirs, avec, pour le moment, quatre médailles au lieu des huit espérées.
Arrivé avec sa famille en 1993 à 10 ans, Farah sait ce qu’il doit à son pays d’adoption qui, à son tour, l’a donc adopté. Il y a quelques années, en 2007, Farah était retourné dans sa première école pour se souvenir. "Tout m’est revenu, racontait-il alors. Je ne parlais pas un mot d’anglais, je me conduisais mal pour qu’on fasse attention à moi. Le premier jour, il y a eu une bagarre, je me suis défendu. On ne m’a plus brutalisé". Depuis Farah s’est "britannisé" complètement, dans la langue comme dans les formes.
Fondation
"Je suis retourné en Somalie en 2003. J’ai réalisé que je ne pourrais plus y vivre, que si j’étais resté, je ne serais pas le coureur que je suis", expliquait-il également en 2007. Samedi, le natif de Mogadiscio a l’occasion de faire vibrer les deux pays s’il réalise le doublé. Car s’il ne pourrait plus vivre en Afrique, il continue à vouloir aider son continent.
Mohamed et son épouse Tania ont ainsi créé la Fondation Mo Farah, dont l’objectif est de creuser 50 puits et d’offrir un mois de nourriture à au moins 20.000 personnes, ainsi que de l’aide médicale à 40.000 personnes avant la fin de l’année.
Il a déjà mis de côté les 250.000 livres sterlings (320.000 EUR) remportés dans un show télé plus tôt dans l’année. Sans aucun doute, la 2e médaille d’or que l’athlète pourrait glâner samedi permettra aussi aux Somaliens de récolter les fruits de leur "Golden boy".
Naissance
Mais cette médaille n’est toutefois pas encore gagnée. Car si l’athlète britannique est sans égal en Europe – il a d’ailleurs conservé sans coup férir son titre continental en juin à Helsinki -, il se heurte forcément aux spécialistes africains. +L’ennemi national+ sera samedi l’Ethiopien Dejen Gebremeskel, meilleur performeur mondial à 22 ans (12:46.81) ou son compatriote et jeune prodige Hagos Gebrhiwet (18 ans), sans oublier les Kényans Isiah Koech et Thomas Longosiwa.
Farah devra ensuite préparer un autre "doublé": la naissance prochaine de jumeaux.
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