La RDC peut-elle sortir de la crise sécuritaire dans l’Est ?
Près de 44 millions de Congolais sont appelés aux urnes ce 20 décembre pour la présidentielle, les législatives et les communales. Mais les électeurs de plusieurs régions de l’est du pays ne pourront pas voter en raison de la situation sécuritaire. Décryptage en vidéo.
La situation dans l’est de la RDC a été au cœur de la campagne présidentielle. Et pour cause. La région, en proie aux violences, compte environ 120 groupes armés actifs. La résurgence du M23 en novembre 2021 a encore accentué l’ampleur de la crise. Les combats ont « provoqué le déplacement forcé de plus de 450 000 personnes au cours des six dernières semaines dans les territoires de Rutshuru et de Masisi, dans la province du Nord-Kivu », relevait, fin novembre, le HCR, l’Agence des Nations unies pour les réfugiés.
Dans le dernier rapport en date, les experts font état de « plus de 3000 violations des droits humains signalées en octobre, soit près du double du chiffre enregistré au cours du mois précédent ». Une recrudescence des violences qui frappent, en premier lieu, les civils. « Les viols et les exécutions arbitraires figurent parmi les incidents les plus fréquents, de même que les enlèvements, les extorsions de fonds et la destruction de biens, ce qui témoigne d’une tendance très inquiétante à la violence à l’encontre des populations civiles », note le HCR.
« Les compteurs sont au rouge », confirme à Jeune Afrique Thomas Fessy, chercheur à Human Rights Watch, dans l’entretien qu’il nous a accordé dans notre décryptage vidéo. Les tueries et les attaques contre les civils ont empiré. Le nombre de déplacés internes n’a jamais été aussi élevé. La population souffre d’une des crises de la faim les plus graves au monde. »
Sortir du tout-sécuritaire
Un triste constat qui a occupé une large part des débats lors de la campagne pour la présidentielle du 20 décembre, les candidats faisant assaut de propositions et de promesses pour mettre un terme aux souffrances des Congolais de l’Est. Félix Tshisekedi, qui brigue un second mandat, a été d’autant plus vivement critiqué sur son bilan sécuritaire qu’il en avait fait l’une des priorités de son premier mandat.
En face, les candidats de l’opposition n’ont pas manqué de multiplier les déclarations d’intentions et les diatribes violentes. Parfois en faisant plus que flirter avec la démagogie, voire avec les discours de haine. « Tout le monde promet de nous offrir [la paix] sur un plateau d’argent », résume Onesphore Sematumba, analyste à l’International Crisis Group, qui estime que certains de ces discours sont soit « irresponsables », soit « infantilisants ».
Les deux chercheurs, qui analysent pour Jeune Afrique la situation et livrent des pistes de solutions, s’accordent sur un point : le prochain président, quel qu’il soit, trouvera la question sécuritaire dans l’est du pays au plus haut de la pile des urgences à gérer au début de son mandat. Tous deux, également, insistent sur la nécessité de sortir d’une réponse uniquement axée sur l’aspect militaire et sécuritaire.
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