Qui est le nouvel émir du Koweït ?

Nommé prince héritier en octobre 2020, cheikh Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah tient désormais officiellement les rênes du riche émirat qu’il devra sortir de l’impasse politique.

Le nouvel émir du Koweït salue le Parlement lors de sa prestation de serment en tant que 17e souverain du pays à Koweït City, le 20 décembre 2023. © YASSER AL-ZAYYAT/AFP

Le nouvel émir du Koweït salue le Parlement lors de sa prestation de serment en tant que 17e souverain du pays à Koweït City, le 20 décembre 2023. © YASSER AL-ZAYYAT/AFP

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Publié le 21 décembre 2023 Lecture : 3 minutes.

Suite à la mort de l’émir cheikh Nawaf al-Ahmad al-Sabah, à l’âge de 86 ans, le Koweït a désigné son successeur en la personne du cheikh Mechaal al-Ahmad al-Jaber al-Sabah. D’à peine trois ans son cadet, celui qui n’est autre que son demi-frère avait été nommé prince héritier dès octobre 2020. L’octogénaire, pur produit de la branche des Al-Jaber de la dynastie régnante Al-Sabah, était officieusement considéré comme dirigeant par intérim, depuis novembre 2021. Pendant ce temps, cheikh Nawaf souffrant et souvent absent se faisait ponctuellement soigner en Italie. 

Lui-même père de douze enfants, cheikh Mechaal est le septième fils du neuvième souverain du Koweït, cheikh Ahmed al-Jaber al-Sabah, ayant régné de 1921 jusqu’à sa mort en 1950. Il est aussi le plus jeune demi-frère paternel de trois émirs successifs : Jaber al-Ahmad al-Jaber al-Sabah, Sabah al-Ahmad al-Jaber al-Sabah et le dernier en date, Nawaf al-Ahmad al-Jaber al-Sabah.

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Passé par la première école de l’histoire du Koweït, Al-Mubarakiya créée en 1911, il est diplômé du Hendon Police College de Londres en 1960. Une formation qui convient à son tempérament décrit comme méthodique et attentif aux détails, qui l’a mené au ministère de l’Intérieur, notamment en tant que chef du service de renseignement et de la sécurité de l’État. En 2004, il sera nommé chef adjoint au rang de ministre au sein de la Garde nationale koweïtienne, en remplacement du cheikh Nawaf.

Carrière dans l’appareil sécuritaire

Il y dirigea une série de réformes majeures, motivées par la lutte contre la corruption. Sous sa houlette, l’institution rejoint l’Association internationale des gendarmeries et des forces de police à statut militaire en 2019. Une année auparavant, dans le cadre de la coopération dans la lutte contre le terrorisme, il était décoré par la France de la médaille de Commandeur de l’Ordre de la Légion d’honneur, lors d’une rencontre avec l’ex-ministre française des Armées, Florence Parly. « Vous êtes l’un des hommes qui ont construit le Koweït et aidé à bâtir des relations amicales solides entre la France et le Koweït », l’encensait-elle, rapportait à l’occasion l’Agence de presse koweïtienne, KUNA. 

En octobre 2020, à 80 ans, il devenait le prince héritier le plus âgé du monde. Après sa nomination approuvée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, cheikh Mechaal démissionne de son poste à la Garde nationale. Il aurait également refusé plusieurs postes plus élevés au cours de son mandat, pour préserver les relations familiales empreintes de conflits. 

Instabilité politique

Cheikh Mechaal hérite en effet du pouvoir dans des circonstances compliquées. Alors que les Koweïtiens nourrissaient de fortes attentes quant à la capacité du futur dirigeant à hisser le pays au niveau des autres États du Golfe, sa nomination a été interprétée comme le choix de l’expérience plutôt que du changement, du fait de son âge avancé. Car ce petit émirat pourtant riche en pétrole est embourbé dans une crise politique qui entrave les réformes. 

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D’une part, les rivalités déchirent la dynastie entre membres de la branche Salem et celle des Jaber, surtout depuis la fin, en 2006, de l’alternance traditionnelle entre des candidats des deux clans pour le choix du futur émir. Mais surtout, l’instabilité politique réside dans le bras de fer incessant entre le pouvoir exécutif et les députés disposant d’une influence telle qu’ils peuvent s’opposer quasi systématiquement aux décisions gouvernementales. 

Une impasse qui provoque remaniements et dissolutions du Parlement en série. Dernière en date en avril dernier, suite à la formation du septième gouvernement en trois ans et de l’invalidation par la Cour constitutionnelle du scrutin en raison d’irrégularités. Cheikh Mechaal, alors prince héritier, affirmait que la « volonté du peuple » nécessitait que les nouvelles législatives soient « accompagnées de quelques réformes juridiques et politiques pour amener le pays à une nouvelle phase de discipline et de référence juridique ». 

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Alors que le conseil des ministres du Koweït a déclaré un deuil de 40 jours et la cessation des activités des services officiels pour 3 jours, le nouvel émir devrait prêter serment devant le Parlement le 23 décembre.

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